Whaouuuhhh ! Pfiuuuuuuu ! Whoaaaahhh !
Les onomatopées ne manquent pas. Quelle maestria ! Quelle virtuosité !
À ceux qui reprochaient (à tort ou à Thor ?) à Marvel de ronronner et de proposer toujours la même recette, ce nouveau métrage vient prouver une fois de plus que la Maison aux Idées (surnom auto-proclamée de Marvel Comics aux States) a plus d’un tour dans sa sacoche de docteur et de grosses coudées d’avance par rapport à la concurrence. Bye Bye « Suicide Squad »…
Tout démarre par une scène d’ouverture spectaculaire qui annonce bien que le film sera sensiblement différent des autres productions Marvel et pourtant complètement intégré à l’univers dont on reconnaît les contours. C’est forcément époustouflant une scène d’introduction dans un blockbusters, c’est la loi du genre, mais il faut avouer que Marvel tape fort avec les effets spéciaux mis en place pour ce cher Docteur.
Scott Derrickson nous en met plein les mirettes, chaque image étant un régal pour les yeux et un concentré de sensations fortes et cristallines. Le design est magnifique, fouillé et original et les effets sont bluffants, à te couper le souffle, toi assis tranquillement sur ton siège (ok certains effets s’inspirent grandement de « Inception »… mais l’appropriation est réussie).
Strange, l’univers l’est assurément et pour le plus grand plaisir du spectateur qui va vivre une merveilleuse expérience cinématographique. Car ce « Docteur Strange » repousse les limites du Marvel Cinematographic Universe et intègre d’autres réalités alternatives. L’univers s’étend donc pour le plus grand plaisir du spectateur.
Tout comme Tony Stark dans « Iron Man », c’est la personnalité de Stephen Strange, ledit Docteur, qui fascine ici. Il faut croire que les héros moustachus sont moins lisses, plus complexes et donc plus excitants chez Marvel. Arrogant, fier, au complexe de supériorité assumé, ce bon docteur n’attire pas une sympathie immédiate et c’est ce qui le rend attachant. D’autant que Benedict Cumberbatch était le client idéal pour le rôle, puisque son Sherlock « souffre » des mêmes symptômes de mégalomanie. Et c’est basique un spectateur, tu sais, donc l’inconscient collectif faisant bien son travail, nos cerveaux valident instantanément la crédibilité du personnage.
Et puisqu’on parle personnages, ce film serait bancal sans la stupéfiante interprétation de Tilda Swinton qui ajoute du pur « actoring » multi-dimensionnel à son rôle de « l’ancien », sorte de training mystical mentor du Docteur. Même si Tilda est une femme, c’est Lawrence Fishburne entraînant Neo dans « Matrix » qui vient résonner dans nos cervelets de spectateurs boulimiques.
Niveau acteur, la petite déception viendra de Mads Mikkelsen, le bad guy du film. Pas assez viscéral. Pas assez maniaque. Alors que ce type est capable de te faire fondre de terreur d’un seul regard (tu as vu « Le Guerrier Silencieux » ?). C’est malheureusement une constante dans 90% des films de super-héros, les vilains sont ratés, peu fouillés et au final aussi effrayants qu’un ouistiti à Cymbales. Il faudrait faire une thèse dessus pour comprendre ce renoncement des scénaristes. Alors il n’est évidemment pas aussi raté qu’Oscar Isaac dans « X-Men Apocalypse » ou Lex Luthor dans « Batman V Superman » pour n’en citer que deux, mais alors qu’il impressionne dans la scène d’ouverture, plus on avance dans le métrage plus son personnage se délite.
Ce film arrive à rendre le Docteur Strange abordable même pour les réfractaires du comics (dont je fais partie). Cela est en grande partie du à l’incroyable prestation de Benedict Cumberbatch comme on l’a dit plus haut.
Certes, le scénario est un peu alambiqué, souffre de quelques raccourcis nébuleux mais globalement l’histoire est carrée et cohérente. On ne la sent pas bancale. Et c’est assez rare de nos jours pour le souligner. Évidemment, production Marvel oblige, entre deux scènes intenses, les réparties cinglantes et drôles entre les personnages fusent et font mouche. Leur écriture est efficace.
Et enfin, comment terminer sans parler de la cape de ce cher Docteur, l’équivalent de l’armure d’un Iron Man, appelée The Cloak of Salvation ? Dans mes souvenirs de lecteur de comics, elle n’avait pas de vie propre comme dans le film (quelqu’un peut confirmer ou infirmer ?). Ici c’est donc le cas et elle constitue du coup un personnage à part entière allant parfois jusqu’à éclipser le brave Docteur tant son design et sa caractérisation sont réussies.
Cette cape semble plutôt tout droit inspirée de celle de Spawn, autre héros à cape (cap ou pas cap ? souffle Batman), dotée d’une vie et d’une conscience qui lui était propre. Mais peu importe, l’idée est excellente et ajoute un sel certain à l’univers de ce bien bon Docteur.
Surtout restez jusqu’à la fin, vous aurez droit à deux scènes bonus franchement réussies faisant saliver pour la suite. Suites qui s’annoncent énormes. On n’a donc pas fini de retourner en consultation chez ce Docteur. Pour notre plus grand plaisir. « Ouvrez la bouche et dites aaaaahhhh »…