Il y a six mois, les amateurs du genre s’étaient donné rendez-vous dans la perle des Vosges, afin de faire le plein d’images fortes en dégustant divers longs-métrages, tour à tour enthousiasmants (cf. Morse, Hansel et Gretel), dérangeants, mais dans le bon sens (cf. Grace, Dead Girl) ou encore hilarants (cf. Bad Biology et Long Week End, les deux films évoluant aux frontières d’un humour bien particulier). The Midnight Meat Train était très abouti, et méritait peut-être plus que les deux Prix remportés, celui du Public, et celui du Jury Sci-Fi. Les deux récompenses montraient cependant une chose : la qualité de la narration (une descente aux Enfers inexorable) et l’esthétique du film (de plus en plus glaciale, à mesure que le héros, Leon, s’approche des racines du Mal) avaient séduit les spectateurs. Le récit de cette traversée initiatique avait en outre ceci d’original qu’il avait su créer un lien fort avec le gentil petit couple (Leon et Maya), uni au début, puis progressivement étranger l’un pour l’autre.
Au cœur de la ville de New York, le photographe Leon Kaufman déambule sans but précis. Sous ses allures de méga centre urbain, la ville cache sa véritable identité. Foyer de toutes les solitudes, la Grosse Pomme est le théâtre rêvé pour un chasseur d’images chocs comme Leon, qui peut illustrer son talent en réalisant des clichés à la fois provocants et très révélateurs de l’âme humaine. Un jour, ses promenades l’amènent à croiser le chemin d’un sinistre quidam, qu’il soupçonne bien vite d’être un tueur en série sévissant dans le métro. En effet, des disparitions aussi étranges que régulières ont lieu dans la rame ramenant les banlieusards chez eux très tard le soir. Dès lors, Leon n’aura de cesse de traquer le sinistre personnage au cœur des méandres du métro new yorkais. Sa quête obsessionnelle le mènera à de fascinantes découvertes, et à révéler sa véritable nature…
Il n’y a pas si longtemps, en l’an 2001, le 8ème Festival Fantastique de Gérardmer avait accueilli le metteur en scène Ryuhei Kitamura à l’occasion de la présentation de son premier long-métrage. Le film s’appelait Versus, l’Ultime Guerrier, et avait été acclamé pour son mélange d’action, d’hémoglobine et de fantastique. L’équipe du film avait fait le déplacement, et était même allée jusqu’à mimer certains combats sur la scène du cinéma du Casino à l’issue de la projection. Très vite, le film avait hérité du statut de film culte auprès d’un public d’amateurs, faisant de son metteur en scène un cinéaste à suivre. Plusieurs films plus tard, les spectateurs français n’ont pu voir de lui que son Godzilla final wars à la fin de l’été 2005, ses trois autres mises en scène n’ayant –à ce jour- pas été distribuées. Le projet The Midnight Meat Train avait atisé la curiosité des fans, le film allait-il trouver un distributeur en France ? L’attente fut longue, et le soulagement d’autant plus grand, pour les cinéphiles qui espéraient une sortie française. C’est donc chose faite, puisque avec une cinquantaine de copies le film sera finalement offert aux amateurs de sensations fortes.
The Midnight Meat Train est adapté de la nouvelle éponyme du maître de l’Horreur Clive Barker. En une petite trentaine de pages, l’écrivain plongeait ses lecteurs dans un sous-monde, insoupçonnable et impitoyable. Enthousiasmé, Ryuhei Kitamura a pris le relais, pour faire de son film un fascinant voyage, sans retour, au cours duquel le héros sera confronté à de terrifiantes révélations.
Le film s’ouvre sur des scènes tournées dans le métro. Au plus noir de la nuit, le spectateur assiste à une boucherie. Car il n’y a pas d’autre mot. Les armes blanches sont plutôt conventionnelles, si l’on excepte un bien étrange marteau. Peu après, le héros, Leon Kaufman nous est présenté. Photographe de son état, son talent est réel. Mais dans le monde de la photographie, la concurrence est rude. Pour se faire un nom, Leon doit dégoter des images fortes, prises sur le vif. Insomniaque, il décide de mettre son handicap à profit en parcourant la ville, la nuit, et plus particulièrement le métro. En parcourant les rames, il s’attardera sur un personnage particulier, qui lui servira de modèle. Costume sombre, cravate, l’individu est bien mis, et affiche une expression des plus sinistres. Leon ne sait encore rien de lui. Mais ce Mahogany cache bien sa réelle nature, sous ses airs de comptable dénué de fantaisie…
Le metteur en scène a su tirer parti du contexte. La photo de nuit est légèrement granuleuse, ce qui donne un rendu à la fois plus glauque et plus réaliste. La lumière n’est pas en reste, elle est froide et rappelle un environnement hospitalier, la nuit. Et pour cause ! Il est si naturel de faire le lien entre un chirurgien et le tueur, lorsque ce dernier se laisse aller à son penchant pour la violence, sous la lumière artificielle des rames de métro quasi désertes. Lorsque Leon va pousser la curiosité un peu plus loin, en allant espionner l’individu sur son lieu de travail, il fera