J’ajoute un petit Uwe Boll à mes critiques, et je m’intéresse donc à Postal, une de ses adaptations de jeu vidéo dont il a le secret. Sincèrement, je trouve que Boll a déniché là une matière qui lui convient bien.
Pour ma part je ne juge pas ici tout l’aspect idéologique du film, en tant que critique je n’ai pas à m’engager dans le débat, mais juste à considérer ce que Boll en a fait, et force est de constater que sans être parfait, c’est plutôt réussi.
L’interprétation n’est pas parfaite, mais étant donné que les rôles sont globalement excessifs et tracés à gros traits (volontairement je précise), cela ne se ressent pas trop. Ward est surement le plus professionnel, et ca passe très bien, car du coup il arrive à donner un caractère plus froid, plus réaliste à son personnage au milieu du foutoir ambiant. Dave Foley est correct lui aussi, dans un rôle pas facile. Je ne vais pas passer le casting pléthorique en revue, mais il conviendra de retenir des seconds rôles assez déjantés, conduits par des acteurs souvent impliqués et prenant le film pour ce qu’il est : un gros délire assumé. En cela Larry Thomas, Verne Troyer, Moeller et son acolyte et d’autres encore se débrouillent bien. Boll par contre manque de folie dans sa prestation.
Niveau scénario, c’est là encore du n’importe quoi. L’idée de départ déjà corsée devient très rapidement propice à des gags tous plus vulgaires, transgressifs, bêtes et méchants les uns que les autres ! Il est clair que beaucoup de gens vont devoir faire l’impasse sur Postal de ce fait. Ca va à cent à l’heure, le rythme ne faiblit jamais, c’est très souvent absurde, et surprenant. Dans son genre, Postal est donc plutôt une réussite, mais il est clair qu’il faut adhérer au principe, pour ma part je note ici seulement le fait que Boll mène bien sa barque du début à la fin. On relèvera tout de même des gags clichés, vu parfois ailleurs. Il y a quand même des trouvailles réussies.
Sur la forme, Boll s’en sort assez bien. Sa mise en scène est un peu roide, notamment lors de la séquence de baston, juste après l’interview de Boll justement. Néanmoins dans l’ensemble il livre un boulot correct, tout à fait acceptable en tout cas. La photographie elle est juste moyenne, il n’y a pas grand-chose à dire de plus la concernant. Les décors sont assez variés, et originaux pour certains. On regrettera quand même qu’avec son budget Boll n’est pas donner un peu plus de fantaisie, une esthétique peut-être un peu plus en rapport avec la folie ambiante. Niveau effets spéciaux, Postal n’est pas parfait, mais pour un film à 15 millions, c’est honnête. Du point de vue musical, ce n’est pas transcendant, mais pas désagréable ma foi.
Pour conclure, Postal est un pari globalement réussi pour Boll. C’est une comédie corrosive sur le fond, mais curieusement assez consensuelle sur la forme. Peu de nudité, peu sanglant, c’est surtout dans l’esprit que le film rebutera. Consistante, pas mal foutue, Boll réalise un film « bazar et défouloir » qui de ce point de vue tient la route.