Ant-Man (2015
À peine sorti de prison, Scott Lang devra cambrioler le Dr. Hank Pym. Mais il ne s’attendra pas à mettre la main sur le costume d’Ant-Man.
Première chose, ce film fait preuve de maitrise dans la construction de ses personnages. Ils ont chacun une raison et une motivation qui les distinguent des autres.
P.ex on peut aisément se douter dans la relation entre Pym et Hope qu’il y a des éléments non-dit, que leurs positions opposées sont justifiés par des éléments antérieurs à l’histoire du film.
Que Hope se sente spolier de la responsabilité et de la confiance
de son père
qui devrait lui revenir de droit, en particulier lorsque celui-ci confie la mission à Scott. Le rapport
entre Pym et sa fille
cache aussi un lourd secret, alors qu’il doit vivre avec des craintes, la peur de perdre
sa fille
et son invention, que sa découverte se retrouve aux mains de l’armée, du Shield ou pire, ceci étant personnifié sous l’image de Cross.
Même le concept dudit Cross, l’ancien disciple de Pym, est pertinent et toujours dans le ton du thème général du « Père ».
Tout au long de l’histoire, Scott nous rappellera d’ailleurs qu’il n’est pas le vrai héros, qu’il n’est qu’un pion sacrifiable, ce qui apporte d’avantage d’importance au personnage de Pym et de l’héritage qu’il a construit durant ses 30 dernières années. Scott quant à lui reste manipulé du début jusqu’à la fin du film. Alors qu’il voit ses chances d’avoir un droit de visite pour voir sa fille diminuer tant qu’il ne paye pas la rente alimentaire, il ne cessera pas d’agir que dans l’intérêt de sa fille.
Les personnages sont donc attachants et amicaux, ce qui nous donne l’impression d’être plus proche, d’avoir des valeurs et des sentiments comparables.
Par contre l’exécution est faible. La relation entre Scott
et sa fille
est légère, tandis que le personnage de la mère, Maggie, est beaucoup trop simple pour qu’on s’intéresse à elle.
Les différents liens de Pym sont légers, alors que Hope est sous-exploitées. On aurait pu l’utiliser pour son talent inné (p.ex. dans la conception du plan, pour infiltrer plus profondément l’entreprise, agir et créer des actions), mais elle se retrouve au final dans le rôle du faire-valoir, se retrouvant même dans une relation amoureuse artificielle, synonyme d’une validation d’une check-list scénaristique des producteurs.
Et le vilain est à nouveau du type creux et inutile. Sa personnalité est unidimensionnel, cherchant uniquement le profit, sans moral, ce qui ne créé finalement pas un antagoniste assez puissant et marquant pour notre héros. Le pire étant la justification à deux balles de ses agissements.
Alors que l’histoire s’effondre à plusieurs reprises dans l’exposition
(p.ex. durant les 15 premières minutes, une même information est présentée de la même manière à deux reprises et l’objectif du vilain et son appât du gain nous sont présentés à répétition) ;
nous avons d’une autre part beaucoup de moment très amusant dans le film. L’enchainement des gags visuels est réalisée avec beaucoup d’adresse, utilisant judicieusement les gags au travers de jump-cuts pertinents qui de surcroit sont tout autant utile à la construction de l’histoire qu’à créer de l’humour. Les blagues sont édifiés en conjuguant aussi bien le visuel, les paroles, l’audio que les éléments de l’intrigue
(p.ex. lorsque Luis commence ses explications)
. Les gags sont donc maitrisés, imprévisibles et sont composés d’une quantité d’ironies savamment dosées.
Marvel s’explorant au genre de film de casse, la bande musicale est composée de musiques soul-funk, comme avec les films de cambriolage, avec des riffs sympa, une basse rythmée et jazzy. Ça contribue beaucoup à l’identité, fonctionne très bien, et ajoute à l’image plus personnelle et moins exubérante et frénétique du film.
Au final, le résultat donne au film à deux identités, l’une générique et sans saveur, limite médiocre ; tandis que l’autre est très amusante, hautement sympathique, emplie de potentielle et composée de moments vraiment très bon.
7/10