Après une expérience de comédien, Olivier Torres se consacre à l’écriture et à la réalisation. Son premier court métrage, Un Peu de temps réel, a participé à de nombreux festivals français et étrangers, et a remporté le Prix de la meilleure première œuvre à Clermont-Ferrand en 1998. Son dernier court métrage, La Nuit sera longue, sélectionné à Locarno dans la section Cinéastes du Présent, a obtenu le Grand Prix du Festival de Belfort ainsi que le Prix Jean-Vigo 2004. La Ligne blanche est son premier long métrage.
Olivier Torres explique le titre du film : "La ligne blanche est une image qu’utilisait Antoine Vitez. Il traçait un cercle blanc à la craie : "à l’intérieur on joue, à l’extérieur on ne joue plus". C’est ce mouvement qui m’intéresse, ce franchissement, c’est le point de départ du film. Le sujet de La Ligne blanche pourrait être le métier d’acteur. Comme si on posait la question : c’est quoi un acteur et comment ça marche ? Je pense que le jeu, au cinéma comme au théâtre, se construit autour de la transgression, de l’interdit. C’est d’ailleurs ce fantasme là qu’il offre au spectateur."
Olivier Torres s'est servi de son amour du cinéma pour réaliser La Ligne blanche. Ses principales inspirations étaient les films de Howard Hawks et John Ford. "On a fait une tentative avec Caroline Champetier, filmer la scène de Rio Bravo et cela presque plan par plan. Je suis un fan de Howard Hawks et John Ford, et pour toujours. Dans leurs films, il y a toujours les séquences, la veille de la grande bataille, où les hommes règlent leurs comptes personnels, au cas où l’un d’eux mourrait le lendemain. C’est toujours une histoire d’homme, d’un père et d’un fils", explique le réalisateur.
Comme le personnage principal évolue dans l'univers de la scène, nombreux sont les acteurs de théâtre présents au générique de La Ligne blanche. Parmi eux on peut citer : Pascal Bongard, Jérôme Kircher, Marcial Di Fonzo Bo et Marie Bunel.
Olivier Torres fait une petite apparition dans le film, il interprète un abbé. Eva Ionesco apparaît aussi quelques minutes dans le rôle d'une costumière.
Pascal Bongard incarne un comédien de théâtre renommé. Olivier Torres décrit les liens qu'il entretient avec la scène : "Ma rencontre avec le théâtre s’est faite de manière très hasardeuse. Il fallait à la sortie de mon adolescence que je trouve, comme on dit, une vraie occupation, un travail en somme… Et de fait, mon entourage m’a détourné de ma nonchalance en me faisant entrer dans un cours de théâtre. C’est donc un malentendu absolu, quand j’y pense, que d’avoir songé à être acteur. Aujourd’hui, c’est un lieu, je veux dire le théâtre, très compliqué pour moi, car très sûrement je n’y ai jamais été heureux pour toutes ces raisons. Il est vrai que j’y ai fait des rencontres rares, dont Pascal Bongard fait partie."
Bien qu'étant le protagoniste de La Ligne blanche, Jean est loin d'être un héros. Son interprète, Pascal Bongard, revient sur la difficulté de jouer un homme plein de défauts : "A mesure que Jean se dessinait, il m’a fallu accepter certains aspects disons antipathiques du personnage pour mieux m’en détacher par la suite. Souvent Olivier en riait pour dédramatiser et je savais aussi d’expérience que ce qui choque est souvent très jouissif à jouer. Pas à pas les difficultés trouvaient leurs solutions."
Une des scènes du film a été coupée au montage pour des raisons de rythmes. Olivier Torres nous la raconte : "Le jeune homme débarque chez son père et feuillette le magazine “Psychologies”. Le personnage de Pascal Bongard est en première page avec une accroche extirpée de l’interview qu’il est censé donner à l’intérieur. La phrase dit : "C’est drôle, les gens pensent que pour être heureux il faut parler". C’est en général le genre de bêtise que ces magazines imposent aux gens aujourd’hui…"
Elliott Murphy est un auteur-compositeur-interprète de folk. Américain, il n'a jamais rencontré le succès dans son pays natal, c'est pourquoi il s'est exilé en France en 1989.
Olivier Torres est un grand admirateur d'Elliott Murphy, d'où la participation de ce dernier au film. "Quand Elliott plaque un accord, on est directement dans le Montana. Elliott, c’est un peu un père fantasmé, un père parfait, rock’n’roll et sage à la fois. Il a été présent dès le début de l’aventure. Au départ il ne devait composer que la musique puis il s’est trouvé qu’il incarnait idéalement le trait d’union entre les deux personnages de Jean et Sylvain. Je voulais mettre en scène la musique et cette rencontre a créé un personnage éclairant", confie le réalisateur.
Elliott Murphy partage son expérience du tournage de La Ligne blanche : "Quand le réalisateur Olivier Torres a pensé à moi pour jouer le rôle de Bob j’ai été immédiatement intrigué tellement il m’a semblé que c’était taillé pour moi : un musicien américain expatrié vivant en Provence. J’ai été également très séduit de composer la bande originale avec mon collaborateur de longue date, le guitariste Olivier Durand. Le travail avec Pascal Bongard, un grand acteur, était très facile et naturel. Finalement mon seul regret est que l’on ne me voit que si peu monter à cheval!"
Dans un premier temps, Olivier Torres souhaitait que Guillaume Depardieu prête ses traits à Jean : "Je désirais Guillaume, je m’y reconnaissais. Et pour le film, nous plaisantions souvent sur le fait que là où il n’a jamais su être un fils dans la vie, il se retrouverait peut-être dans ce rôle de père à l’écran." Malheureusement, l'acteur est décédé avant le début du tournage.
En plus d'être un acteur, Julien Bouanich est également doubleur. On peut notamment l'entendre dans Star Wars : Episode I - La Menace fantôme, Harry Potter à l'école des sorciers, Harry Potter et la chambre des secrets, Harry Potter et l'Ordre du Phénix et The Social Network.
Caroline Champetier, directrice de la photographie, a obtenu le César de la meilleure photographie pour son travail sur Des hommes et des dieux. Olivier Torres ne tarit pas d'éloge à son sujet : "Caroline m’a simplement été indispensable, pour me montrer, me guider… Caroline a cette expérience, elle a amené une force, une vigueur, une spontanéité qui participe à la générosité du film. Elle m’a guidé dans mes choix formels et esthétiques, c’est comme cela que s’est fabriquée la définition du film, au plus proche des gens dont je voulais raconter l’histoire… Je pense qu’il devrait être obligatoire pour tous de travailler au moins une fois avec elle dans sa vie…!" Notons, que la technicienne fait une petite apparition dans le film, en tant que directrice.