Je ne suis pas un grand spécialiste des Marvel, mais je vais quand même apporter ma petite contribution. Evidemment, je n’ignore pas que qui dit Marvel, dit film à grand spectacle. Là-dessus, je pense que tout le monde sera d’accord. Aussi j’attendais quelque chose qui envoie du bois, comme tout le monde je suppose. C’est sans doute dans cet espoir qu’au bout 30/40 minutes je commençais à regretter amèrement le prix de mon ticket. Ah ben oui, le spectateur est un peu pressé quand il va voir du Marvel. Et au bout du compte, j’ai trouvé "Black Panther" plutôt bien maîtrisé. Ce film répond en tous points au cahier des charges établi pour du Marvel. Tout le monde aura remarqué que sur chaque franchise qui aura eu un beau succès populaire ("Spiderman" sous Raimi, "Iron Man",...), les scénaristes ont choisi de prendre le temps de présenter le rôle-titre, comme s’ils le bichonnaient afin que le spectateur adhère complètement à lui et permettre des suites plus relevées. Et pourtant… la bande-annonce laissait entrevoir que Black Panther était potentiellement un super-héros qui tournait au méchant, et ainsi offrir ultérieurement de la matière aux super-héros (ou ne serait-ce que l’un d’entre eux) que les studios nous ont déjà présentés. Je rappelle que je ne suis pas un expert en Marvel, et j’en profite pour préciser que je ne connais encore moins les comic-books. Ce que je puis dire en revanche, c’est que Ryan Coogler a pris le temps de nous présenter en détails le rôle-titre. Cela a permis à son film de grimper en intensité sans jamais s’arrêter jusqu’à la grande scène finale. Même si on peut regretter de voir certains personnages pas suffisamment développés, en l’occurrence Klaue incarné par un Andy Serkis excellent en bad guy, Ryan Coogler a pris le soin de s’attarder suffisamment sur les plus fervents fidèles du Roi T’Challa (parmi eux, la générale Okoye, interprété par Danai Gurira, à qui je n’oserai jamais me frotter tant elle est impressionnante durant les combats). Ce n’est pas anodin, le but avoué étant de dessiner un giron animé par les plus belles valeurs humaines pour faire adhérer le spectateur à sa cause. Et ça marche. Ça marche d’autant plus que les valeurs défendues par le royaume sont nobles et idylliques tant elles font appel au meilleur du genre humain. Oui les valeurs sont belles. Aussi belles que les paysages de cette nation africaine nommée le Wakanda. Et quand en plus ce pays est détenteur de technologies très avancées… ce qui ne parait pas vraiment illogique (notamment en matière de valeurs) si on consent à admettre que l’Afrique a été le berceau de l’Humanité. Toujours est-il que ça donne envie d’y aller, mais ne vous fatiguez pas : ce petit coin de paradis n’existe pas. Ça se saurait sinon. Cela dit, si vous trouvez un billet d’avion pour le Wakanda, faites-moi signe ! Bon ben voilà : je me suis égaré… Où en étais-je ? Ah oui : aux valeurs. Ce sont de vraies valeurs. Enfin telles que je les vois, c’est-à-dire que j’estime que nous devrions tous avoir ces valeurs-là. D’ailleurs le discours sonne comme un discours anti-américain, puisqu’il est basé sur le partage et non comme une gouvernance sur le monde. Etonnant de la part d’un film américain ! Enfin vous comprendrez mieux en voyant ce film : je suis navré de ne pouvoir en dire davantage sinon ce serait spoiler. Mais globalement, qu’avons-nous ? L’histoire est simple en se résumant à une banale bagarre pour le trône. Et de fil en aiguille, il s’agit de sauver le Wakanda… et le monde. Du déjà-vu en somme, me direz-vous. Oui, mais à la sauce Marvel, au sein d’une contrée dépaysante où la musique et les traditions africaines ont encore grandement leur place. Vous pourrez le constater à travers les costumes, les maquillages, les appendices décoratifs à même la peau, les rituels… Dans tous les cas, les 2h15 passent vite (j’ai même été surpris par l’arrivée si rapide du générique), principalement grâce à la montée progressive et continue de l’intensité, mais aussi grâce à une grande fluidité du récit. Et puis le spectacle est saisissant, que ce soit par les décors naturels, ou par les effets visuels encore une fois bluffants, bien que je les ai trouvé limites sur quelques petites choses, en particulier le train à lévitation magnétique. Il est clair que sans la qualité irréprochable (ou presque) de ces effets, les studios Marvel n’occuperaient probablement pas le rang qu’ils occupent aujourd’hui. Pour autant, "Black Panther" n’est pas le plus spectaculaire, ni le plus drôle. Au contraire, l’humour a été peu utilisé : pour ainsi dire que sur du ridicule de situation. Moi je dis que ce n’est finalement pas plus mal de revenir sur des bases solides. Cela permet de mieux asseoir la suite. D’ailleurs à ce propos, des indices sont dévoilés au cours du générique de fin. Aussi, je vous conseille de rester assis jusqu’au terme du générique de fin, ça vous évitera de rater les deux saynètes supplémentaires auxquelles les studios Marvel nous ont maintenant habitués. Et tant pis si ça vous donne l’impression d’attendre la séance suivante. En prime, ça vous permettra d’écouter la musique signée Ludwig Göransson, auteur d’une bande originale très efficace pour les scènes d’action, et immersive par ses notes locales pour le dépaysement. En conclusion : du divertissement sans chichi comme on aime.