Plaisir de la répétition, du babil et de l’exploration renouvelée d’un univers aux sources intarissables (la grande Histoire) sont les guides d’une comédie réussie manquant peut-être parfois de la liberté atomique des films de Ben Stiller lui-même. Le succès inattendu, en 2007, de "La Nuit au musée" sous-entendait d’emblée la possibilité d’une suite. Cette fois, Larry Daley n’est
plus le gardien de nuit du musée mais un "self-made winner" qui s’est enrichi du succès de ses inventions médiocres type la lampe qui brille dans le noir et il est devenu une véritable source de confiance et d’inspiration pour les autres. Ses vieux amis de cire, de pâte, d’os et autres ont été remplacés par des images 3D et des hologrammes ("le musée 2.0") et déménagés à Washington, pour cause de ringardise, dans les archives du plus grand musée du monde, là où le mythe Obama trace l’histoire à toute allure et surplombe d’un étage Napoléon et les pharaons (on voit même Lincoln donc l’Amérique revivre, se remettre debout)
. En cela, le film est aussi porteur d’un optimisme retrouvé, ou simplement excité. "La Nuit au musée 2", c’est l’histoire d’un rêveur impuissant qui, s’étant débattu contre le noir, court désormais après son sens perdu de l’irréalité, sans plus jamais désirer rencontrer les limites de son imaginaire où se croisent des pieuvres et des fusées. Alors que le premier volet était de l’ordre de l’apprentissage (Larry Daley passait par toutes sortes d’épreuves difficiles à admettre comme réelles pour finalement parvenir à accepter son propre imaginaire refoulé d’enfant et se rapprocher de son fils), ce deuxième épisode ne semble être né que du plaisir à filmer et mettre en scène les songes du réel, simple prolongement du premier. Les répétitions de gags (Steve Coogan hilarant en assaillant perdu dans le grand silence) ou les tics scénaristiques (
la brune dégage, la rousse débarque
) pourraient ne faire de ce film qu’un simple balbutiement de "La Nuit au musée". Roosevelt et les hommes de Neandertal étaient les stars du premier chapitre, Napoléon, Ivan le Terrible et Al Capone siègent en bonne place dans le suivant. Les infinies ressources de l’Histoire pourraient ainsi alimenter à foison le corps certes maigre, ou simple, du schéma de départ, à savoir un homme voyant revivre et défiler dans le sens d’une fresque éclatée au présent l’Histoire devant ses yeux, le tout enfermé dans un bocal : le musée. "La Nuit au musée 2" ne tire bien entendu pas sa force de son scénario, mais bel et bien de cette sincérité, de cette bonne humeur communicative, propre au divertissement américain. Shawn Levy nous entraîne dans un monde de délires, où
des chérubins volent en chantant du rap, où les tableaux prennent vie, où le général Custer est dépressif et où les romains et les cow-boys font des alliances contre des soldats napoléoniens et des gangsters de la prohibition
. Shawn Levy donne forme à tous nos rêves d’enfant, même les plus fous. Et les acteurs du film n’y sont pas non plus pour rien, Ben Stiller mène d’une main de maître ce joyeux bestiaire, aidé pour le coup de la belle Amy Adams, pour se battre contre l’inénarrable mais trop rare Hank Azaria, ici associée à Alain Chabat, unique figure tricolore de l’oeuvre. Sans compter les seconds rôles piochant dans les plus grands comiques actuels (Ricky Gervais, Owen Wilson, Steven Coogan, Robin Williams, Jay Baruchel ou encore Jonah Hill.) Le reproche que l’on pouvait formuler à l’encontre du premier épisode était de viser un public trop restreint, les enfants. Même si les adultes pouvaient trouver leur compte dans les folles aventures du gardien de nuit, certains gags manquaient cruellement de maturité. Ce défaut majeur est totalement corrigé dans cette suite, puisque les scénaristes ont multiplié les niveaux de lecture. Ils ont bien entendu conservé le côté enfantin et magique mais cette fois les adultes pourront également y trouver leur plaisir, à travers des enjeux plus matures, des joutes verbales ou encore de l’humour absurde auxquels les enfants seront certainement hermétiques. Certains pourront notamment se rincer l’œil sur la plastique correctement mise en avant d’Amy Adams. Mais la plus grande surprise est que le film adresse de nombreux clins d’œil à des œuvres de geeks, notamment avec un improbable mais jouissif hommage à "300", ou l’arrivée inopportune de personnages de Star Wars. Cependant, la romance entre Larry et Amélia (l'astronaute campée par Amy Adams) est assez fade et pas très utile. En conclusion c'est une excellente suite, à voir pour ceux qui ont aimé le premier volet