Le plus connu des films du "plus mauvais réalisateur de tous les temps", ce cher Edward Wood, qui n'est pourtant pas si atroce, si l'on sait ce que l'on va voir... Et ce que l'on voit, lorsque l'on pousse le bouton "play" de la télécommande, c'est un homme qui nous fait un speech laborieux, en studio, qui nous amène vers une attaque d'aliens qui ressuscitent les morts sur Terre pour en faire leurs esclaves, avec une Vampira au vernis rouge qui pique les yeux (oui, le film est aujourd'hui disponible en version colorisée), un Bela Lugosi qu'on sent habité par son Dracula d'autrefois au point de jouer de la même façon son mort-vivant (jeux de capes, démarche vers la victime...), et un catcheur qui a les yeux qui pleurent à cause des lentilles de contact qui ne sont pas toujours en face des pupilles. L'intrigue tient sur un mouchoir de poche, les effets spéciaux sont à mourir de rire (les ficelles utilisées pour faire voler les soucoupes sont tellement grosses que, plus épaisses, ça s'appelle une corde), les plans ne sont pas bons mais ne sont pas retournés (ce que l'on voit bien dans l'émouvant film-hommage de Tim Burton au réalisateur) et d'une manière générale, on ne croit à rien. Mal joué, fauché, pas toujours très clair ni cohérent (il faut revoir les théories du galvanisme, rien ne va ici), mais si l'on accepte le fait que l'on va voir un bon gros nanar sans un rond, on s'amuse tout de même devant Plan 9. Le rythme est bon, la durée courte (1h15 tout juste), la version colorée est assez belle avec ses teintes éclatantes et ses costumes violets, et le scénario n'est pas plus bête que la plupart des films de l'époque, et d'autant plus ceux d'aujourd'hui... Alors, si l'on considère que les défauts du film en font tout le charme, Plan 9 est un bon nanar fauché comme on les aime.