"Bonneville" est un direct to video qui laisse une agréable sensation. La sensation d’avoir là un film des plus agréables dont l’approche faite provoque chez le spectateur une grande complicité avec le trio formé par Jessica Lange, Kathy Bates et Joan Allen. Trois actrices aux renommées différentes pour trois rôles aux caractères eux aussi différents. Au départ du film, rien ne laisse entrevoir ce qui va suivre. Au contraire, il semble se diriger vers un combat psychologique et juridique entre une femme anéantie par la mort de son mari et la fille du défunt. La première est soucieuse de ce qu’aurait voulu ou pas voulu son mari afin d’honorer au mieux sa mémoire, tandis que la seconde n’en a que pour les traditions familiales. Enfin, à ce qu’elle dit… puisqu’on se rendra compte qu’il s’agit là d’un prétexte pour cacher et nourrir sournoisement sa vénalité. D’ailleurs Christine Baranski l’interprète à merveille, d’autant plus qu’elle a pour le coup totalement la gueule de l’emploi. D’entrée de jeu, elle parait comme une personne froide, inflexible, complètement dénuée d’empathie, et son discours de compassion sonne horriblement faux. En somme, elle parait immédiatement antipathique aux yeux du spectateur. C’est par cette sorte de cupidité de sa belle-fille qu’Arvilla (Jessica Lange) se voit contrainte et forcée de se rendre aux funérailles de son époux à des… centaines de miles de sa résidence. La perspective de faire le déplacement seule lui est effrayante (on la comprend), aussi elle embarque avec elle ses deux précieuses copines dans un road movie improvisé à bord d’une superbe Bonneville. Le lien est immédiatement fait avec le titre. Mais cette Pontiac aux lignes épurées typique des années 60 se fait voler la vedette par ce trio de femmes. En fait, ce véhicule d’exception n’est rien d’autre que l’instrument matériel grâce auquel la veuve et ses compères vont partir dans un périple improvisé, durant lequel leurs aventures et mésaventures vont les conduire à faire des rencontres et à découvrir la vie sous un jour nouveau. Ce qui caractérise "Bonneville", c’est la simplicité avec laquelle a été traité le sujet qui pose des questions pertinentes sur les droits des familles liées à la personne qui a refait sa vie et sur les conséquences amenées par son décès. Pour faire court, il offre une réflexion sur le deuil. A y réfléchir de plus près, ce film ressemble presque à un exposé sur la question, une véritable volonté de déclencher une prise de conscience. Bien sûr, il y a des sous histoires sympathiques, notamment avec cette rencontre avec ce chauffeur routier tombé sous le charme de ce trio de femmes roulant cheveux au vent dans leur magnifique décapotable. On le comprend tant elles attirent l’œil, d’autant plus qu’elles ne semblent guère farouches. Ce n’est certes pas un grand film car il ne révolutionne pas grand-chose et n’offre pas de réelles surprises, mais il faut avouer que faire ce bout de chemin avec elles est fortement appréciable (même par écran interposé). D’autant plus appréciable que ça a l’avantage de nous faire découvrir quelques endroits magnifiques. Mais qu’est-ce que j’aurai aimé être à la place de Bo (Victor Rasuk) ! Une belle voiture, des paysages magnifiques, des personnages attachants, le tout en toute simplicité, que demander de plus ?