Un bon film qui ne présente rien d’exceptionnel en soi, mais porte tout de même un casting prestigieux (Johnny Depp, Eva Green, Helena Bonham Carter ou Michelle Pfeiffer, acteurs préférés du génial Tim Burton). A première vue, on pourrait penser qu’il s’agit d’une comédie horrifique banale et lisse (on ne retrouve pas le style de Burton) sur les vampires et autres créatures magiques.
Pourtant, on peut y voir quelque chose de beaucoup plus profond et de réfléchi : la frontière entre le Bien et le Mal est beaucoup plus floue qu’il n’y parait au premier abord. La soi-disant méchante Angélique Bouchard (Eva Green) est sensée réunir tous les ingrédients de la méchante mais belle sorcière (spoiler!) : simple servante de Barnabas (Johnny Depp), un grand séducteur, elle est jalouse d’Elizabeth Collins (Michelle Pfeiffer), son amante. Elle même a eu le cœur brisé par la nouvelle, croyant que Barnabas l’aimait vraiment. Possédant les pouvoirs nécessaires, elle pousse la jeune femme à se jeter du haut d’une falaise, puis transforme son amour en vampire avant de m’enfermer dans un cercueil pendant deux siècles. Afin d’accomplir sa revanche jusqu’au bout, elle entreprend aux fils des années (sorcières et vampires sont quasi-immortels) de couler la florissante affaire de la famille de Barnabas.
Si Johnny Depp (excellent comme toujours) apparaît comme la pauvre victime perdue dans un monde devenu incompréhensible (on applaudit la référence à Black Sabbath), il est en réalité le sans-cœur égoïste, malhonnête (il hypnotise les meilleurs marins pour les prendre à son compte) qui brise le cœur d’Angélique : elle, par pure passion, est prête à tuer, mais aussi à mourir pour qu’il réponde à l’amour délirant qu’elle lui porte. Barnabas ne s’était jamais soucié du sort de la petite servante, profitant de la passion e la jeune femme sans rien lui rendre en retour ni vraiment l’aimer. La vengeance d’Angélique parait juste de son point de vue : et quelque part, n’est-ce pas, en choisissant un vampire plutôt qu’autre chose, une façon de prouver qu’elle espérait secrètement ce retour ?
Dark Shadows est un film qui vaut la coup d’être vu, surtout si on se donne la peine de réfléchir au message concret qu’il transmet : il est difficile de discerner le Bien du Mal.
De plus, les personnages secondaires présentent des caractères atypiques et hauts en couleurs qu’il ne faut pas mettre de côté.