L'histoire d'une caméra qui va faire un film presque toute seule. Pour le monde du cinéma, ça fait peur, mais pour les spectateurs aussi.
Bien sûr, la copie de « Blair Witch Project » est plus pâle, mais comme elle échappe à l'austérité du dogme et de la première fois, on passe en fait un bon moment.
Tout d'abord, l'actrice est parfaite, ni trop belle, ni trop cruche, avec ce qu'il faut de passion latine pour faire croire à son rôle de journaliste qui veut percer à tout prix, enfin pas toujours !
Ensuite, le principe de la caméra subjective ne souffre d'aucune erreur de script, ce qui est plutôt rare dans les films hollywoodiens ces derniers temps.
Enfin, c'est le lieu qui est la vraie bonne idée. En effet, les américains ne voient l'horreur que dans les maisons pavillonnaires victoriennes ou contemporaines, rarement dans les immeubles New-Yorkais. Et bien là, comme ce que ressent tout européens devant des cages à lapin du siècle dernier (sinon plus) on a peur de l'ancien, avec ses histoires oubliées, ses recoins obscurs et surtout, cette angoisse de ne pas si bien connaître ce voisin qui se cache derrière sa grosse porte moulurée en vieux bois bien fermée. Sans parler des combles ou des caves...
Bref, ce lieu urbain fait bien plus peur qu'une maison de campagne, après tout, on est obligé d'y habiter, et c'est rarement parce que l'on a les moyens d'aller ailleurs, donc les autres aussi ne sont pas si nets.
La comparaison avec « The Eye » entièrement tournée dans un appart ultra moderne est à cet endroit très cruelle.
Il faut aussi souligner que la qualité d'image sent le numérique haute définition et non la mini DV comme ont osé faire quelques pauvres intellos parisiens ces 5 dernières années. Ce qui fait que malgré les mouvements incessants, on n'a pas le mal de mer. Et pour une fois, ces mouvements sont justifiés.
Le film fait l'économie de la parodie et même de l'autodérision si à la mode ces derniers temps, c'est du lourd, parfois même très lourd puisque le principe de la caméra subjective est que l'on n'a pas un contre champ pour espérer voir le monstre avant. Si il arrive sur nous par derrière, et bien c'est fichu. Non pas que l'on n'ait très peur car l'absence totale de bande son empêche cet artifice très prisé du gros son qui fait peur une demi seconde avant l'image qui doit faire peur. Donc on n'a que le pressentiment que quelque chose va arriver ailleurs que dans le champ de la caméra, mais pas le sursaut de la musique. On est plus dans l'angoisse que dans la peur. Un peu d'horreur, un peu de gore, un peu d'anticipation (purement scientifique ou presque), que du bon.
Maintenant, on peut critiquer le manque d'ambition du casting mais c'est ça qui fait vrai. On peut par contre critiquer la lenteur du début, les précipitations pas toujours nécessaires, et l'invraisemblance du docteur qui vient seul dans l'immeuble, sans armes, sans gardes du corps. A part ça, c'est le type même de série B qui ne se prend pas du tout la tête, marrante (mais plus personne ne se marrait après la première demi-heure !) et quand même très bien foutue malgré un budget qui ne devait pas casser trois pattes à un canard.
Cerise sur le gateau, la fin est parfaite, sans demi-mesure.