D'emblée, peu de consistance mais l'ambiance est un mix de "The World" et de "Still Life", au style très particulier. Du vacarme, un genre de défilé d'images selon un ordre et sous une lumière créant des effets, avec des liens intattendus entre les scènes, et parfois ces zones d'ombre assez importantes, pour un peu on croirait des incidents techniques, mais pas du tout, on déboule toujours sur autre chose et dans la délicatesse... Trois échantillons de ce qui se pratique en Chine côté confection. Prada, Dior sont cités... Le spectateur incline la tête de façon à lire une étiquette, un véhicule passe et hop, la même écriture s'inscrit sur un magasin... Travelling insistant sur la nuque, fort gracieuse, d'une mécanicienne en confection concentrée sur l'ouvrage, visiblement pas si malheureuse que ça. Tous travaillent à leur rythme, point de contrôleur chronomètre en main, la cloche sonne, on sort sans se presser... La jeune Ma Ke dit enterrer ses vêtements une fois créés afin d'obtenir une patine naturelle (une présentation très applaudie ...). C'est sans doute l'art de faire du beau avec du moche, ou avec très peu de chose, mais j'ai été captivée. Je m'attendais à des ruches infernales, or c'est un peu comme dans un internat de lycéens raisonnables en Occident : visite médicale, sieste pour récupérer quelques forces à l'infirmerie. Bols de nourriture mangés où on peut, debout en lisant des infos, le tout est de relâcher l'attention. Bien des ateliers français actuels semblent plus stressants que celui visité... Un semblant de danger quand même, la Mine, où tant de Chinois périssent actuellement à ce qu'on dit... Les retoucheurs vivent dans des locaux à moitié en ruine, pas de place pour même un petit bouquet de fleurs... Un voyage envoûtant par le jeu de cette caméra secondée par la berceuse musicale habituelle, on a approché des réalités de la Chine dans les faits, mais dans une atmosphère ouatée, quasi cosmique...