71 ans, et un regard toujours aussi pointilleux et juste sur le monde qui nous entoure, papy Loach ne perd pas la boule. Avec It's a Free World, Loach nous présente une face sordide traitant l'exploitation humaine aussi fièrement qu'un maestro avec le plus grand des orchestres. Immigration, chômage, exploitation et perdition (le fils de l'héroïne suit un chemin relativement médiocre qui le mène à une perte future certaine), le sujet est traité tel un documentaire et ne saurait laisser de marbre.
Avec une immersion quasi-immédiate dans le monde dégueulasse du travail, It's a Free World nous apporte une clé permettant l'ouverture d'une porte dans notre oeil ou notre esprit sur le monde qui nous entoure, à savoir les gens qui vivent avec leurs familles dans des taudis innomables ne pouvant être déclarés, surendettés, chassés dans leurs pays respectifs par les polices politiques ou des chasseurs de primes. Ces gens qui cherchent à survivre ou à nourrir leur famille, et qui se font exploiter par d'autres gens, roulant en 4x4 avec leur femme, leurs enfants, beaucoup de bouffe, bref, le bonheur de tout européen qui se respecte, à volonté, sans scrupule, ni pensée pour ceux qui triment afin de rendre leur famille un mininum, grand minimum, heureuse.
Et ces exploitants finalement, qui sont-ils ? Ne serions-nous pas nous-mêmes des exploitants ? Nous qui travaillons et nous faisons de l'argent ? Mais parfois, ne le faisons-nous pas au profit d'un autre ? Et même, d'une manière générale : Nos actions pour obtenir notre bonheur, ne se font-elles jamais détruisant l'accès au bonheur d'autrui ? En lui marchant dessus ?
It's a free world porte évidemment à réfléchir.