"L'Angleterre est un pays difficile" dit Karol à Angie, l'héroïne du film. On est loin du miracle économique anglais tant vanté pas nos politiques. Ou plutôt si : il y a du travail, à l'heure, à la journée, et quel travail… celui que seule la main d'œuvre importée accepte. Quand je lis, parmi les "0 étoile", ceux qui parlent de "propagande" à propos de ce film, les bras m'en tombent. Propagande de quoi ? On vit dans une société de propagande : chaque jour, à la télévision, sur internet, dans la bouche de nos dirigeants, la propagande de la société libérale est propagée. On glorifie l'initiative individuelle, la flexibilité de l'emploi… "Tout est précaire" nous dit Laurence Parisot. Ainsi s'opposer à ce discours ambiant, donc totalitaire, ce serait de la propagande ? Pour en revenir au film, même s'il n'est pas parfait, quelquefois un peu démonstratif ou explicatif, il a le mérite de pointer du doigt les conséquences d'une politique économique qui broie les plus faibles en les jetant à corps perdus dans un engrenage infernal duquel ils ne peuvent plus sortir. Angie, d'abord victime, puis bourreau, mais finalement toujours victime d'un système qui la dépasse, croit pouvoir tirer parti de l'offre et de la demande qui régissent le monde du travail. Elle croit qu'elle rend service, qu'en prenant quelques risques, elle va pouvoir s'en sortir. La grande réussite du film est donc de nous faire partager le quotidien de cette jeune femme, très middle-class, ambitieuse et jamais découragée, maladroite, égoïste quelquefois, altruiste d'autres fois, aimante, perdue, dépassée. Le film montre sans démontrer, associe des évènements qui, certes, sont peut-être un peu trop nombreux pour un seul personnage, mais dont personne ne peur oser dire qu'ils sont pur fruit d'invention, à moins de vivre avec des œillères. Ken Loach n'est pas le meilleur cinéaste du monde, mais il est indispensable à nos vies et nos prises de conscience.