Premier janvier 01, 15 h. Le mot d’ordre a fait le tour du pays, et même de l’Europe : « on arrête tout ». Tout le bazar, les machins énormes qu’on a inventés pour se faciliter la vie — et ça a marché, voyez : on a tellement bien simplifié ce monde qu’il faut quinze ans d’études pour apprendre à y survivre (réflexion tirée de Les dieux sont tombés sur la tête, mais qui s’insère assez bien dans la conversation). On a lancé plusieurs mots d’ordre d’arrêt temporaire, pour que les gens s’habituent à l’idée : pendant cinq minutes, ici ou là, on s’arrête de rouler, de bosser, de courir et on discute.
Mais maintenant, c’est la vraie affaire, enfin : on arrête pour de bon. Objectif : prendre le temps de réfléchir. « Depuis des siècles, on nous dit : “le bonheur, c’est le progrès, faisons un pas en avant” ; le progrès est bien là, mais le bonheur est toujours pour demain. Alors, faisons un pas de côté. » On arrête toute activité et on discute.
Bien entendu, on n’est pas des irresponsables. On arrête tout mais on entretient soigneusement tout le bazar, des fois qu’il s’avèrerait qu’on en ait besoin. D’ailleurs, on sait déjà qu’après un temps d’arrêt total, les machins dont le manque se révélera trop cruel seront redémarrés — à commencer par les usines de nouilles, parce que le premier problème quand on arrête tout et qu’on réfléchit, c’est de manger quand même.
Et puis, on relancera rapidement la presse et la radio. Parce que quand 60 millions de personnes se mettent à réfléchir, les idées fusent et il ne faut pas les laisser perdre. D’ailleurs, on écrit ses idées sur les murs au cas où ça inspirerait quelqu’un.
[... marre de la limite à 2000 car]
Cinématographiquement, c’est une large comédie de mœurs à la construction bizarre, à l’image médiocre (tourné en 16 mm, ça se voit) et au jeu d’acteurs inégal. Sociologiquement, c’est un document indispensable. Humainement, c’est une heure et demie de bonne rigolade qui, quelque part, fait peut-être quand même un peu réf