Là je dois dire que ce documentaire m'a laissé plutôt perplexe, d'un côté il est hyper attrayant, dynamique dans son montage, avec un sujet intéressant bien qu'assez superficiel avec du recul, et d'un autre côté j'ai eu la sensation d'une sorte de scénarisation bizarre, à la limite de la reconstitution.
Il raconte l'histoire d'un record historique de points sur une borne d'arcade Donkey Kong détenu par Billy Mitchell en 1982, réputé comme imbattable, 25 ans plus tard Steve Wiebe passe la barre de ce score légendaire dans son garage et envoie la cassette de son exploit à Twin Galaxies, une association tenant les comptes des records de jeux vidéos d'arcade. Wiebe est implicitement accusé de tricherie et est invité à venir en personne jouer en live pour prouver les faits, s'en suit divers rebondissements.
Le doc m'a vraiment passionné il n'y a pas de doute, perso j'adore le retro-gaming il m'est arrivé d'aller dans des compétitions vidéos ludiques de niveau international, le sujet était destiné à me plaire et ça a donc été le cas, mais le gros problème c'est qu'on a clairement l'impression que c'est poussé à la dramatisation et à l'exagération de la mise en scène, on distingue deux polarités, le grand méchant Billy Mitchell, égocentrique, mesquin et fourbe et le gentil Steve Wiebe, père de famille et bien sous tout rapport.
En fait on dirait une réadaptation docu-fictive de "Rocky", le champion populaire contre l'outsider inconnu, ça se file des coups bas, on sabote les règles du fair-play, l'un gagne un round, puis égalise, le truc est tiré avec des ficelles grosses comme des cordes d'amarrage et on fini par douter de la véracité et de l'authenticité des faits, on se sent presque manipulé, et il en découle une sorte de morale dégoulinante sur les valeurs humanistes. Pas de doute c'est américain, ils ont vraiment l'art de magnifier une certaine banalité, le réalisateur Seth Gordon arrive à nous tenir en haleine avec cette histoire comme un téléfilm, ce concours de high score est rendu quasi iconique, deux types diamétralement opposés qui s'affrontent limite pour leur vie, il y a même des pleurs, non franchement c'est trop ...
Ça manque de simplicité, à de nombreux moments on a vraiment l'impression qu'on a affaire à des acteurs, Mitchell fait limite penser à Chuck Norris avec sa cravate aux couleurs des USA, le self made mania de la sauce tex mex, avec un côté sombre et machiavélique, Wiebe lui est plus naturel mais parait du coup volontairement dépeint comme sa parfaite antithèse dans le rôle du monsieur tout le monde, malgré le fait que sa soit un "documentaire" et que je ne doute pas des records enregistrés, j'ai juste eu du mal à me sentir à l'aise dans ce format, ça m'a paru faux alors que ça ne l'est sans doute pas, cependant je n'ai pas lâché une seconde, preuve de son efficacité.
"The King of Kong" est donc fort sympathique et passionnant mais bien trop surfait pour réellement le juger comme étant un authentique documentaire de qualité, le public n'est pas bête, pas la peine de vouloir l'instrumentaliser, dommage.