Ce film est un syndrome. Le syndrome de ce nouveau cinéma de genre (car c’est bien un film de genre, ne vous y trompez pas), qui à force de toujours vouloir flirter avec l’« infilmable » et le glauque exacerbé, finit par oublier l’essentiel : le spectateur.
J’ai revu «Straw Dogs» récemment, et donc la "fameuse" scène du viol. Graphiquement, elle est assez peu violente, en tout cas lorsqu’on la compare à ce qui se fait maintenant. Et pourtant, elle reste gravée dans ma mémoire comme une des scènes les plus atroces jamais filmée, car dans les années soixante-dix (et accessoirement lorsqu’on s’appellait Pekimpa), on ne cherchait pas spécialement à faire vomir le spectateur : on lui racontait une histoire, on soignait le scénario, et on avait surtout le courage et l’intelligence de poser les bonnes questions.
Filmer l’adaptation du roman de Ketchum était une responsabilité, une vraie, le sujet étant réel. Et quand on prétend s’atteler à une telle tâche, on ne peut pas faire n’importe quoi.
Alors voilà : non, ce film n’est pas indécent, ni insoutenable, ni transgressif. Il est seulement raté. Mal filmé, excessivement mal écrit, souvent mal joué par des acteurs visiblement en roue libre (Ruth n’est rien de plus qu’un énième icône dans le panthéon déjà blindé des affreux vilains du ciné d’horreur, ne lui manque que le masque de hockey, la psychologie du personnage, pourtant réel, a visiblement été ignorée par facilité), le métrage de Wilson faillit à presque tous les niveaux, sans jamais prendre le moindre risque. Je ne parle pas de violence graphique, car c’est peut-être là le seul bon point de ce projet : la violence y est effectivement suggérée, bien heureusement. Mais pourquoi ? A la suite d’une longue réflexion du très futé et responsable Wilson ? Ou n’est-ce pas tout simplement parce ces plans n’étaient tout bonnement pas filmables, dans le sens légal du terme, quand on sait que les acteurs étaient mineurs pour la plupart ?
Sam reviens, ils sont devenus fous...