Je reconnais que le film de Claire Simon est parfait quant à la forme. C'est très bien fait, car elle arrive à vous captiver sur une espèce de docu fiction improbable, où il ne se passe rien, que des entretiens au Planning Familial. Les actrices qui jouent les conseillères sont très justes, Nicole Garcia, Isabelle Carré, Nathalie Baye et les autres. La caméra est maniée avec beaucoup de sensibilité et de talent, on a l'impression qu'il y a une vraie histoire qui vous tient en haleine. Quant au fond par contre, j'avoue avoir été gênée par le côté manifeste qui ne donne jamais la parole à la défense, c'est à dire à l'enfant. Nous le savons, le sort des femmes en matière de procréation est toujours difficile, malgré l'évolution des moeurs, malgré les combats des féministes. Elles portent seules la responsabilité du choix quand une grossesse non désirée s'annonce, car même si, cas rare dans le film, l'homme, le père, participe parfois à la décision, c'est dans leur chair que l'enfantement se fait et se défait, c'est dans leur ventre que la vie bat ou se tait, c'est dans leur tête que la blessure de cette décision solitaire se cicatrise ou non. Et le film, tout occupé, comme les conseillères, à parler de liberté de choix et de liberté tout court (tant il est vrai que cette liberté formelle doit être aménagée, défendue, praticable, et qu'elle l'est grâce au Planning), néglige de parler d'après. Seule une maman un peu mièvre évoque en pleurant cet après que devra vivre sa fille de 15 ans. Ce qui me frappe c'est que toutes les femmes qui ont vécu ce déchirement m'en ont toujours parlé en disant qu'elles ne s'en étaient jamais remises. Et croyez-moi, elles sont nombreuses ces femmes, pour des raisons de confort, de peur, ou même simplement parce qu'elles voulaient exercer cette liberté laissée aux femmes que notre époque leur offrait enfin de décider quand et comment elles seraient mères.