C’est un film d’horreur, mais finalement non ; un film qui a coûté peu mais rapporté déjà dix fois la mise. Les deux choses sont peut-être liées. En tout cas, c’est un film original, si l’on ne connaît pas "Le jour sans fin" avec Bill Murray (1993) –dans les deux films, c’est une réflexion sur l’épanouissement personnel et sur le sens du quotidien, et l’on sort de la boucle temporelle quand on est convaincu qu’on a bien vécu pleinement la journée. Si l’on connaît "Le jour sans fin", c’est un peu moins original. Quoique. Dans Happy Birthdead, il s’agit d’un meurtre (pas d’un reportage météo) et l’exercice est intéressant à voir, d’autant qu’il s’agit aussi d’un thriller et qu’il s’agit enfin d’une comédie, tous deux réussis, chacun dans son genre (c’est quand même remarquable). L’héroïne appartient à une sorité étudiante américaine (des gamma phi béta?) qui jouxte l’université avec ses fêtes et ses démons, déjà tout un programme. Elle est passablement nulle comme personne, mais on découvre qu’elle a surtout été annulée par la vie, et elle le découvre aussi, finissant par dire à un moment "à force de revivre en boucle une journée, on prend conscience de qui on est" (elle aurait pu ajouter "et de ce qui est autour de nous") : elle passera donc de nulle à positive, puis négative, puis positive de nouveau, etc. Et ça ne s’arrête que lorsque tout est bien rangé. On a beau faire, on retombe sur "Le jour sans fin", on n’y échappe pas semble-t-il (et ce n’est pas grave). Aujourd’hui est le premier jour du reste de ta vie : tel est le post-it qu'elle voit et qu'on voit en boucle, et qui ne prend sens que lorsqu’on en sort, de cette boucle. Happy Birthdead est un bon film de science-fiction, avec des scènes qui peuvent choquer, mais on s’y fait vite. Les parents ont vu "Le jour sans fin" il y a 25 ans ; leurs enfants, qui baignent dans la vitesse et la violence, verront Happy Birthdead –le titre français est un vague jeu de mots, le titre original est plus approprié (Happy Death Day).