Christopher Landon apprécie la proximité à la mort et tout ce qu’elle entraine avant et après elle. Suite au spin-off de Paranormal Activity, « The Marked One », le réalisateur se rattrape avec son intéressant « Manuel de survie à l'apocalypse zombie ». Ce nouveau projet est une chimère qui ne tient pas sur ses pattes. Le risque de surenchérir de la part des studios a fini par les pousser à la facilité, malgré le potentiel et les déviances que l’on pouvait tirer du concept original.
Sous ses faux airs de teenage movie, le film semblerait éviter quelques pièges du remake, ce qui ne fut pas le cas pour le récent « Naked ». La direction qu’emprunte Tree Gelbman (Jessica Rothe) et son entourage a beau suivre le schéma « d’Un Jour Sans Fin », de « Scream » et d’autres slashers à la série B, elle ne s’appuie que sur leurs bases. Malheureusement, le scénario de Scott Lobdell ne parvient pas à rebondir de façon originale. Le mariage entre la comédie et l’horreur est pourtant très appréciable, uniquement à bonne dose. Au lieu de tout cela, nous nous contentons d’observer et d’enquêter avec une héroïne hautement, voire trop stéréotypée pour que l’on s’y attache.
Brisant une certaine routine, l’aventure de Tree est peu complexe, et ce même dès la première journée. Les enjeux sont bien posés, mais l’on n’exploite pas suffisamment le côté inventif de chaque répétition de la même journée. Rebelle envers elle-même, la jeune Tree rejette toute sa détresse sur ceux qu’elle ne considère pas comme « utiles ». Comme tous les personnages qui sont passés par ce trouble social, elle cherche à améliorer l’image qu’elle donne autour d’elle. Ces aspects désagréables sont un manque de respect qui finissent, malgré elle, par évoluer vers une purification totale. On n’hésite donc pas à user de l’humour, et notamment des comiques de situation, afin de proposer une transition fluide. Cela fonctionne un certain temps avant que la trame ne dévoile des tensions plus sérieuses à aborder.
Par ailleurs, on ne recherche pas à approfondir les interactions entre les personnages. On ne prend pas non plus la peine de soigner la partie ensanglantée qui pouvait séduire un public plus restreint et pourtant il n’en est rien. On se limite à la figure d’une Queen Bee ne cherchant qu’à se satisfaire elle-même, sans penser aux autres. Il serait facile de dire que le dénouement corrige ce constat, mais l’intention est ailleurs, hélas.
A la fois ambitieux et paresseux, « Happy Birthdead » passe à côté de son sujet, piégé par sa boucle temporelle dépourvue malice et d’originalité. Tree est un rôle détestable que l’on aime détester pour les besoins d’une attraction fictive. Or, le ton moralisateur semble nous rappeler à quel point le spectateur n’est pas juger à sa propre valeur. Son opinion reste en retrait, sans qu’il puisse s’investir dans la démarche proposée. En bref, le film échoue là où « Edge Of Tomorrow » a réussi son tour de passe-passe. Le fait d’ancrer le récit sur des bases aussi moindres et peu pertinentes ne pouvaient que se fracasser. C’est pourquoi ce genre de divertissement ne s’adresse pas aux adeptes de slasher, mais plus aux adolescents pour qui on incite à rire de cette violence physique et morale sans queue ni tête.