Derniers Avis : Le Silence de Lorna - Page 4

Les critiques presse me semblent encore une fois trop enthousiastes au regard de la qualité de ce film qui est loin d'être extraordinaire – la faute à quelques longueurs et au personnage principal, pas très attachant. Même si je ne saurais dire précisément pourquoi, j'ai apprécié par contre le dénouement – bien plus que le reste du film.

Eh bien, voilà le premier faux pas des Dardenne, après une si magnifique filmographie. Tout ce qui fait leur force, leur originalité, cette petite flamme d'humanité, cette lumière-malgré-tout est complétement absent de ce dernier opus. Reste un film bien fait, convaincant sur les trafics d'êtres humains et de papiers, sans personnalité -n'importe quel bon cinéaste, spécialité "films-à-thèse" aurait pu le réaliser. Bon. Lorna, albanaise, a épousé un belge pour avoir une identité belge. On se débarasse du mari, Lorna se remarie avec un russe qui deviendra à son tour européen. (Voila un tour de passe-passe qui paraît bien simple. Il me semble qu'en France, on cherche un peu plus de poux dans les têtes des postulants....). Et avec les sous, la demoiselle ouvre un petit commerce avec son amoureux. Mais Lorna n'a pas la même vision que ses employeurs; la victime a été choisie junky (à ce propos, Jeremie Régnier est fa-bu-leux) pour pouvoir être expédié ad patrès d'un petit coup de seringue overdosée. Lorna pense qu'un bon divorce suffirait. La solution expéditive est retenue contre son gré, et à partir de là Lorna dérape, fait foirer l'opération, s'imagine enceinte de la victime -et tout ça se finit en queue de poisson parce que les auteurs se savent pas trop comment finir. Alors, prix de scénario -non!

L'actrice, Arta Dobroshi, est formidable, mais elle ne peut évidemment pas rendre son personnage totalement convaincant.

Je suis un peu raccord avec la critique d'une spectatrice, qui dit ne pas être d'accord avec le palmarès du festival de Cannes cette année (suite à l'oubli de l'immense et magnifique "Valse avec Bashir". Autant l'an dernier j'avais été bluffé par la palme d'or (4 mois, 3 semaines, 2 jours) , autant cette année pour l'instant je suis plutôt en désaccord concernant les récompensés. J'ai vu Gomorra hier et j'étais mitigé, aujourd'hui encore je ressors avec l'impression d'avoir vu un film pas mal, mais pas le chef d'oeuvre annoncé par toutes les critiques presses (c'est à se demander si elle ne sont pas de plus en plus loin des spectateurs). Comme dans Gommora, j'ai trouvé du très bon, la mise en scène, les acteurs magnifiques (Jérémie Rénier m'impressionne de plus en plus). Le moins bon vient du scénario, parfois surprenant mais assez peu crédible et de la fin qui donne un énorme sentiment d'inachevé. Je pense que les admirateurs des frêres Dardenne devrait adorer ce film, pour les autres, attendez vous à être peu être déçu.

Bon film sur le marché autour des mariages blancs. Les Dardennes se sont bien documentés et ça se voit (je précise que je connais un peu par mon job). Les acteurs sont tous parfaits de justesse ; Rénier est impeccable et Arta Dobroshi me laisse un peu froid (groscul et seins horribles aident sans doute !). Le bémol pour ce film reste la fin. Enceinte oui ou non ?! Folle ou non ?! Fin trop ouverte... Les Dardennes sont précis et directs mais ratent le dernier 1/4 d'heure. Dommage.

Les limites et les coutures du cinéma des frères Dardennes commencent à se voir. Ils veulent à tout prix faire jaillir une beauté crue, tranchante, choquante et donc nécessaire à travers un humanisme des plus viscéraux (ici, l'amour maternel plus fort que tout…envers l'enfant mais aussi envers le "camé", fils d’adoption). Ils y arrivent mais la beauté jaillit d’où ? A chaque fois d'un contexte extrêmement glauque censé être le reflet de « la vraie vie », celle qu’on ne voit pas d’habitude au cinéma.
Cette fois-ci mais peut être aussi auparavant (on pense au puissant « l’Enfant » qui semblait déjà loin de la « vraie vie »), les Dardennes ont échoué sur un point: leurs personnages ne tiennent pas leurs cohérences jusqu'au bout. On a vraiment du mal à croire qu'un personnage qui, du départ, cautionnait le meurtre puisse avoir l'équilibre mental si parfait, si précis de la solide Lorna. Alors l'humain est changeant, d'accord. Souvent femme varie, aussi. Mais Lorna n'est pas seulement déterminée, elle est aussi, tout au long du film, forte, patiente et réfléchie. Le contraire d’une pauvre fille perdue ! Comment n'a-t-elle pas eu le bon sens de refuser ce projet monstrueux dès le départ? 2 hypothèses: 1) la fin justifiant les moyens, elle voulait sa carte belge à tout prix! Ca ne tient pas à la fin du film, elle ne proteste même pas à l'idée de rentrer en Albanie. 2) elle était amoureuse. Ben dis donc, quelle plaie l'amour ! C’est d’un convenu!
L'incohérence de ce personnage est la faillite du film. Maintenant, ceci mis à part, la mise en scène et la direction d'acteurs des Dardennes est excellente. Les ellipses, très bien placées, créent des chocs émotionnels qui marquent durablement le spectateur. Cependant, le monde gris, triste, et misérable qu’ils explorent à chaque film est plus qu'une boite à idée pour eux, c'est leur univers "burtonien" ! Avec ses codes et ses tronches. Les 3 1ères fois, il surprenait et faisait vrai. Maintenant, il lasse et semble artificiel.

Voilà un film raté. Pour des raisons évidentes : le manque de travail sur une intrigue trop hâtivement construite, des personnages à la psychologie sommaire - des pantins auxquels la caméra subtile des Frères Dardenne ne peut rien tirer. Le matériau, pourtant, était de qualité, avec ce qu’il fallait d’apparent artifice et de vérité profonde : mise en cause du mariage et des trafics de la mafia, drame de la culpabilité, dilemme moral et rédemption. Il méritait un meilleur traitement. L'actrice Arta Dobroshi est une révélation. Quelques scènes déshabillées lui sont peu flatteuses. Le dénouement aurait pu être saisissant ; mal amené, il est juste grotesque. Une ambiance évocatrice et originale, certes, mais qui correspond à un autre film qui n’a pas été fait.