Trois ans après L'Enfant, Palme d'Or en 2005, les frères Dardenne poursuivent dans leur veine de drame social âpre et émouvant. Le silence de Lorna nous donne à voir le combat de son héroïne, Lorna donc (Arta Dobroshi), pour accéder à une réussite rapide auprès de mafieux, dans une sale histoire de mariages blancs et de meurtres commandés.
Sans concession, tendu comme un arc, Le silence de Lorna est une perle belge et noire qui tient du polar. La réussite et la maîtrise des frères Dardenne sont évidentes dès les premières scènes. Les deux réalisateurs offrent des situations banales, des images blafardes, d'une réalité brute, s'enracinant dans le quotidien le plus commun, tout en faisant naître un suspense réel et des émotions fortes. L' authenticité de l'action en rehausse la puissance dramatique, l'intensifie. Loués soient les acteurs et les cinéastes (mais qu'est-ce que les Dardennes dirigent bien!). Arta Dobroshi, jeune Albanaise inconnue, est parfaite de bout en bout, incarnant avec grâce toute la compassion naissante, la peur et le courage de son beau personnage. En plein dilemme, duale elle-même, Lorna est en évolution constante, mais ne se départit jamais d'une profonde détermination. Arta Dobroshi est de tous les plans, porte le film à bout de bras.
Il y a quelque chose d'admirable dans Le silence de Lorna : c'est que tout tient de l'évidence, tout sonne juste. Rien de superflu, chaque situation et chaque dialogue semble justifié. On sent que la caméra est toujours à bonne distance pour capter ce qu'il se passe, un morceau de vie, un halètement, un retournement violent et incontrôlé.
(la suite de la critique sur mon blog : http://mon-humble-avis.blogs.allocine.fr/)