Reine des silences aux creux du vide. Eclaboussée par l'éclat des aubes. Droguée par la palpitation sans vie des nuits de ce même silence. Epanouie aux crépuscules des ombres, aux redressements sublimes des chairs consumées. Lorna, Reine des espoirs et des lumières. Régnant dans l'absolue nécessité de la suite. Crachant à la figure des fuites et de la mort, respirant l'enfance dans un bois humide, engendrant pour mettre à mal cette même mort qui la poursuit. Lorna, figure des figures des femmes. Etre tout entier, voilà la nouvelle promesse des Dardenne. Leur cinéma ne s'envole pas très haut, juste à la bonne hauteur, ni trop bas pour se cogner, ni trop haut pour s'asphyxier. Leur cinéma est une hirondelle qui connaît son chemin par coeur, non, par instinct. Leur cinéma est une grâce qui règne puis évolue dans les cieux de la reconnaissance humaine. Après l'impact social de "Rosetta", les larmes séchées du Fils (leur meilleur film à ce jour) , les Dardenne retournent aux fondations de leur cinéma. La caméra gagne en mobilité et en précision ce qu'elle perd en force de l'imperfection. Peut-être "Le silence de Lorna" est-il trop parfait pour réellement exister pleinement. La mise en scène est magnifique, forte, elle empoigne, elle ne prend plus par la main, mais cette fois elle entraîne en nous fixant. Le scénario, justement récompensé à Cannes, a la force de l'imprévisible, l'écriture directe mais fluide, grâcieuse et riche de perspectives en constante (r)évolution dans l'incrustation qu'elles occupent dans le langage des deux cinéastes. Le montage, sec, poignant, suffocant, et l'absence de parti pris (le film serait bien un beau portraits d'immigrés s'il ne mettait pas en scène des personnages qui tuent sans remords, considérant l'accession à une identité commune plus nécessaire que la vie d'un seul homme), les dialogues sauvages, comme captés dans l'air d'une forêt moite, envahie peu à peu par la présence des morts, font partie de ces indéniables qualités qui, depui