Guillermo Arriaga qui a été le scénariste de « Trois enterrements » et « Babel » se lance dans la réalisation. Est ce parce qu’on est un excellent scénariste qu’on va être un bon réalisateur ? Oui, si on fait un film de scénariste… ce qui est le cas ici. Multiples personnages, scénario tordu à souhait, c’est une tranche napolitaine composée de trois histoires dont on ne voit pas, a priori, la parenté : celle du pilote mexicain (accompagné de sa petite fille, entre l’enfance et l’adolescence) d’une société d’épandage d’engrais, sur les longues plaines sèches où il va planter son avion; celle d’une jeune femme (Charlize Théron, impec), maître d’hôtel d’un élégant établissement californien, en bord de mer, qui se tape tout ce qui porte pantalon, et semble avoir un extrême dégoût d’elle-même ; celle d’un adultère entre une américaine, mère de famille plus trop jeune (bon dieu, que Kim Basinger est encore chouette à la cinquantaine !) et un mexicain, lui aussi père de famille. Ils se retrouvent dans un mobil home égaré dans un paysage sec, cerné de montagnes arides. Ils sont épiés par la fille aînée (la très jolie, très fine Jennifer Lawrence). Qui ne supporte pas l’infidélité de sa mère. Un jour, le mobil home explose, alors que le couple est à l’intérieur. Après l’enterrement, cette ado va rencontrer le fils du mexicain, et ils vont rejouer l’histoire d’amour clandestine de leurs parents, bonjour Dr Freud. On comprend bien que c’est dans cet épouvantable drame qu’est la genèse de l’histoire ; on comprend vite aussi que le film est formé de strates, non seulement dans l’espace, mais aussi dans le temps ; et on comprend enfin qui est qui. C’est un magnifique mélo, un film aveuglé par le soleil, dans des paysages vastes et poussiéreux, ces paysages qui, comme ceux de Sicile, semblent faits pour être le décor d’un drame. L’herbe sèche est prête à brûler, les cles cœurs sont prêts à brûler. Ce film, à voir, témoigne bien de cette vitalité nouvelle du cinéma sud-américain.