Les métrages festifs de fins d’année 2017 se sont placés, pour ma part, sous le sigle de l’Aventure avec un grand A. « Le seigneur des anneaux, la communauté de l’anneau » (pour le côté fantasque, fantastique et fantasy), « Les révoltés du Bounty » (dont le souffle maritime m’a laissé béat devant le charisme d’une figure incandescente qu’est Brando), « Aladdin » (pour une aventure désertique génialement ‘Williams’ géniale) et « Indiana Jones et la dernière croisade » (pour de sublimes aventures spielberguiennes) ont ainsi rythmés mes trois dernières semaines. « Judge dredd » clôt donc le cycle par ses aventures de futur et de clonage.
Synopsis : 2139. La planète a été ravagée par des guerres nucléaires. Les survivants vivent dans des mégalopoles de plusieurs niveaux. La super-police fait régner la loi et l’ordre dans ce chaos général. L’un de ces ‘juge de paix’, comme les habitants les appelle, se nomme Dredd. Il va devoir affronter son pire rival… .
D’un scénario très convenu ressort la psychologie d’un « Metropolis » basé sur l’action et non sur la dramaturgie. Comprenons que le décor de « Judge dredd » (mégalopole, niveaux et autres peuplades) va droit à l’essentiel : personnages stéréotypés, castes identifiées à la va-vite, pouvoir en place autodestructeur (tout cela en un temps record d’une heure trente !). « Judge dredd » ne se contente pas de pousser son scénario comme « I robot » (d’Alex Proyas, qui s’est d’ailleurs inspiré du film de Fritz Lang pour le très sombre « Dark city ») le fera mais se concentre davantage sur l’action et donc les conséquences de tels actes de pouvoir. Ce film d’anticipation, qui porte néanmoins à réfléchir sur le clonage humain, ne se termine pas de la plus belle des manières. La morale américaine (ce fameux patriotisme) semble régner : le happy end ne peut que le prouver face à un final un tantinet décevant. Mais devant cette qualité inégale de scénario et la présence d’un super-héros prônant le bien, le public pouvait s’attendre à tel spectacle. Car oui, l’éthique est bafouée et il faut bien que le personnage principal soit ‘bien dans ses bottes’.
Ainsi, l’ambiance qui nous est donné n’est pas noire à souhait, et ç’est bien sûr là-dessus le terrain de jeu de la bande-son qui donne le ton. Le compositeur, qui n’est autre qu’Alan Silvestri, nous accorde les batteries du générique d’ouverture de « Predator » dans son thème de « Judge dredd ». Thème qui est pourtant oubliable. Egalement, l’humour à la Stallone nous décontracte et c’est sans refus que l’on rentre dans ce jeu de décontract’attitude tout en restant sur des sujets sérieux. Verhoeven l’avait dénoncé (1987 avec « Robocop ») et la star de « Rambo » le vulgarise, pour ainsi dire. Tout comme ces décors, qui faits de bric et de broc, tout comme les effets spéciaux, assez bien faits, et les explosions nous le prouvent. Un certain aspect volontairement kitsch mais pas totalement assumé de la part du réalisateur.
J’en viens donc à parler mise en scène, elle aussi du même acabit que l’ambiance : brinquebalante. Un beau placardage, un bourrinage d’action certes regardable mais dont l’originalité frôle le ras des pâquerettes. Le réalisateur, un certain Danny Cannon, alors tout jeune (27 ans), est passé du grand écran à la télévision : il est devenu un spécialiste des séries (« Les experts »).
Non, ce qui retient vraiment notre attention, c’est bien le casting. A commencer par la tête d’affiche : Sylvester Stallone. Oui : Sly. Il est Dredd, ce fameux juge. Il incarne cette icône de rêve avec une fière allure. Allure qui lui vaut de casser la baraque. Pas son meilleur rôle ni son pire, mais il a l’art de ne pas passer inaperçu, et c’est tout ce qu’on attend de lui dans une telle production. Merci Sly ! D’autant qu’il s’agit pour lui d’une sale période en ces années 1990 : « Assassins » (un rôle en demi-teinte qui vaut principalement pour l’affrontement Banderas-Julianne Moore), « L’expert » (un pur joyau du film sylvesterien, injustement boudé), « Daylight » (hélas !), hormis le succès critique de « Copland » (l’un de ses meilleurs rôles à mes yeux !). A ses côtés, des seconds couteaux pointus qui ancrent un peu plus « Judge dredd » dans cette période des 90’s. En ennemi, Armand Assante (« Hoffa », « Christophe Colomb », « American gangster »… et révélé par Stallone par “La taverne de l’enfer”), charismatique, assure un max et face à l’étalon italien, lui chipe instantanément la vedette. Bingo ! Un face-à-face détonnant et explosif. Boum ! Avec également d’autres pointures : l’international Max Van Sydow (« La source », « L’exorciste », « Conan le barbare »…), Diane Lane (lancée par Coppola hier -« Rusty James »-, aujourd’hui considérée comme ‘bankable’-« Man of steel », « Justice league »-, elle est pourtant une actrice complète : voir sa filmo en détail pour s’en assurer !!) et Jürgen Prochnow (« Das boot », « Le patient anglais »… et tout récemment dans le drame funeste « Remember » d’Atom Egoyan) tout bonnement plus que parfait. Impec !
Pour conclure, « Judge Dredd »(1995), adapté du comic éponyme créé en 1977 et pourtant réputé anti-conforme à la BD d’origine, reste ce divertissement sympathique du vendredi soir qui ne restera pourtant pas gravé à vie dans nos mémoires. Dispensable.
Spectateurs, Sylvester pour un jour, juges pour toujours !
Accord parental souhaitable.
A noter : Andrew G. Vajna est le producteur exécutif du film. Il a également produit la trilogie « Rambo », « Une journée en enfer » et « Evita » pour ne citer que ceux-là. Cool !