« La secte », sorti sur les écrans en 1991, est le troisième long métrage de Michele Soavi que l’on peut considérer comme un disciple de Dario Argento qu’il a assisté sur trois de ses films (« Ténèbres », « Phenomena » et « Opéra ») avant de passer à la réalisation en 1987 avec « Bloody Bird » pour lequel selon la tradition transalpine héritée des années 1960, il recycle un genre auquel il apporte sa singularité. Ici, le slasher alors un peu en perte de vitesse Outre-Atlantique. A la suite « Sanctuaire », produit par Dario Argento lui-même, s’inspire du gothique moyenâgeux sans convaincre complétement. Le jeune réalisateur qui n’a pas encore abandonné l’assistanat, semble encore en apprentissage. « La secte » est à nouveau produit par Dario Argento qui cette fois s’implique assez intensément dans le projet. Le résultat est plutôt probant, « La secte » pouvant s’inscrire dans la lignée des derniers films d’Argento où l’onirique se marie avec l’horrifique au sein d’exercices de style visuels, permettant le développement d’une approche esthétique n’ayant pas à s’encombrer d’un fil narratif contraignant. Ces films sont sans doute les plus hermétiques du maître du giallo. On peut donc dire que Michele Soavi est sous une influence bénéfique qui lui permettra trois ans plus tard de réaliser en complète autonomie avec « Dellamorte Dellamore », son chef d’œuvre en jouant à fond sur un humour noir et une dimension poétique que l’on sentait déjà poindre dans « la secte ». Notamment dans le choix et la manière de filmer la très gracile Kelly Curtis, sœur de Jamie Lee Curtis, mais aussi dans l’exposition de certaines scènes où la violence n’est pas aussi frontale que chez Argento. Le scénario sans grande cohérence narrative, on l’a dit, n’est pas le point essentiel du film qui, situé d’abord aux Etats-Unis cherche à faire de Kelly Curtis la petite sœur de la Mia Farrow de « Rosemary’s Baby » (Roman Polanski en 1968) puis passant en Allemagne, la cousine de Jessica Harper, l’héroïne inoubliable de « Suspiria » (Dario Argento en 1977). Les analogies géographiques proposées ici seront peut-être jugées hasardeuses mais il demeure incontestable que les trois actrices offrent à la caméra le même regard de biche effrayée face à une transformation de leur quotidien, devenu angoissant, qu’elles ne comprennent pas. La grande trouvaille du film est le tunnel qui, situé dans la cave de la jeune institutrice interprétée par Kelly Curtis, mène jusqu’en enfer et que Soavi utilise à merveille grâce à des artifices techniques ingénieux révélés dans les bonus de la très belle édition B-ray proposée par « Le chat qui fume ». « La secte » s’il contient quelques longueurs et répétitions, constitue une très bonne approche avant de passer à «Dellamorte Dellamore », acmé de la carrière d’un Michele Soavi très parcimonieux de son talent (sept films en trente ans de carrière).