Décidemment, l'Inde cohabite bien avec la Grande-Bretagne ("Joue-la comme Beckham") en ce qui concerne le récit d'intégration, et ce "Rendez-vous à Brick Lane" ne peut faire penser, aussi, qu'à "Un nom pour un autre", sorti l'année dernière et dans lequel une famille indienne tentait de s'adapter dans New York. Ce n'est donc pas l'originalité qui illumine cette oeuvre discrète et polie. S'il y a bien un point fort, c'est le sens du cadrage, souvent efficace et juste, jouant des couleurs safran et magenta comme pour signifier, face au temps pluvieux de l'Angleterre, que tous ces personnages ont gardés l'âme de leur pays d'origine. Dommage alors que Sarah Gavron, dont c'est le premier film - ce qui excuse partiellement quelques maladresses - ne s'empêche de saupoudrer son film de flash-backs hideux, boursouflés de ralentis pompiers et de gros clichés - l'Inde pays du soleil, mais mauvais temps quand quelqu'un meurt - . Même s'il y a une recherche de contraste entre le natal et le nouveau, le village et l'urbain, la réalisatrice peine à rendre crédible sa vision tant le système paraît déjà vu. Et puis, malgré une fin qui donne bonne conscience, on est gêné par ce plaidoyer pour la tolérance et pour la femme, dans la manière dont l'Occident met en scène l'Orient, sans âme et fondée sur des effets de styles vulgaires, proche de l'ignorance de cette contrée aux milles cultures. Et puis il y a notre héroïne, qui, pour rattrapper sa fille en pleine fugue, court dans la ville entre les voitures ; effusion de lumières, de clignotants, d'ampoules saturées, bruit amplifié, perte des repères : comme s'il s'agissait de la découverte de la civilisation. Tout est donc appuyé comme cela, tout est lourdement symbolique, tout est gentillet, presque inoffensif. Il n'y a pas de rythme, pas d'action, pas d'invention, juste une base scénaristique qui ne bouge pas d'un bout à l'autre. On ne se contentera que des acteurs.