« L’amour ne s’altère pas en heures ou en semaines, mais survit jusqu’à la pointe de la fin des temps, et ceci est faux et qu’on me le prouve, je n’ai jamais écrit et personne n’a jamais aimé ».
Cette phrase de William Shakespeare incarne ce chef d’œuvre absolu de romantisme. Au début, ce sont les naïfs frôlements, les candides étonnements, les novices balbutiements, c’est la rencontre, c’est ceux mondes qui se percutent. On se regarde, on s’épie, on se cherche et surtout on se redécouvre étonnement vivant. « Aimer, c’est être en vie » disait Blaise Pascal.
Leurs premiers sourires et rires nous font frissonner… Et quand cette parade amoureuse, ces exacerbées pudeurs se jouent entre Meryl Streep et Clint Eastwood, alors cette rencontre prend une tournure de pureté, de grâce et d’authenticité, qui nous impact infiniment, drôlement. C’est un murmure de vie.
Ils savent déjà tout du caractère fatalement éphémère de ce lien, telle une parenthèse indélébile, de 4 jours, qui oblige à l’essentiel, qui fait tomber les barrières. Une invitation en suit une autre, c’est l’irrémédiable et insatiable envie d’être ensemble, l’impossibilité déjà de se séparer. Évidemment, c’est aussi la brisure de la routine et tout va donc être magie, chaque seconde entre eux est un sacre, un émerveillement permanent. On est avec eux, on est eux. Ces 4 jours vont être plus, vont être mieux que la vie.
« Je ne pense pas que les obsessions ont des raisons, c’est pour ça que ce sont des obsessions ». Lui en a tant vu avec ses photos d’anthropologie du monde et elle qui n’est pas assez sortie de sa cuisine. Leur première soirée et chaque instant qui suivront entre eux seront comme suspendus, le temps va s’arrêter et pourtant passer tellement trop vite. Nous sommes tous des planètes et ces deux planètes là vont se fixer pour la nuit des temps.
A mesure des secondes, chacun de leurs mots, de leurs gestes, vont nous bouleverser et comme s’ancrer en nous. Ils vont forger notre puissance romanesque de la croyance aux éternelles utopies. Ils vont initialement réprouver leur respectif désir, faire taire leurs envies, et vont ravaler leur amour avec la folle meurtrissure de l’écoute de la raison. Puis ils vont s’écouter, se retrouver et alors ce sont les cœurs qui s’emballent et c’est l’histoire universelle des cours d’école qui va délicieusement les transpercer et nous avec.
C’est fou et vertigineux comment sans raison, en quelques secondes, quelqu’un peut vous faire basculer à ce point et tout changer. Oui, « Sur la route de Madison » est ce chef d’œuvre absolu de romantisme, une ode inoubliable au sentiment amoureux, à la déraison de la passion qui n’est rien d’autre que le sens de la vie.
« Je me comportais comme une autre femme, et pourtant j’étais moi plus que jamais ».