Un patron voyou ferme son usine du jour au lendemain, laissant toutes ses employées sur le carreau. Celles-ci décident de se venger de lui en le faisant buter par un tueur. Le programme : 1/ trouver un tueur. 2/ retrouver le big boss qui se la coule douce dans un paradis fiscal. Bon, avec ce film on est dans le barré complet, le vrai barge. On s'y attend, on n'est pas déçu. Un genre de FARGO des frères Coen à la sauce belgo-franco-groland. Et c'est pas mal. Pas mal du tout. Bien crade, bien glauque, bien hors-normes mais pas mal. En général, quand j'entends parler de film "décalés" ou "barjots" (genre le pénible "Atomik Circus"), je prends mes jambes à mon cou : je déteste. Mais là, je dois dire que c'est sordide à souhait (on crawle dans le sordissime) et assez drôle. Enfin, drôle... disons, bien cynique, bien looser, bien humour noir et/ou désespoir. Film gris comme le ciel du nord, comme les rues où se situe l'action, film outrancier, jusqu-au-boutiste par son absence totale de morale, dans son humour glaçant, ses personnages complètement improbables de demeurés, d'ovnis humains, de déboussolés complets sans foi ni loi ni repères et qui grognent plus qu'ils ne parlent. Portrait au vitriol d'une société qui fabrique de l'exclusion, du chacun pour soi, où l'absence de communication triomphe et où les repères ont presque disparus laissant derrière elle une perte d'identité générale qui va même jusqu'à altérer la sacro-sainte identité homme/femme. Servis par des acteurs glauques à souhait : l'inénarrable Bouli Lanners, parfaitement sale, luisant et grossier, et toujours l'ovni Yolande Moreau, excellente, mais qui dérange toujours un peu tant on ne sait plus si elle joue ou si elle est vraiment comme ça : du "Deschiens" puissance 1000. Jubilatoire et déprimant.