Lauréat multi-récompensé des Oscars 2009, avec huit statuettes obtenues sur les dix nominations initiales, Slumdog Millionaire apporte une reconnaissance cinématographique inégalée à l'Inde et sa culture.
Adapté du premier roman de l'écrivain indien Vikas Swarup, "Les Fabuleuses Aventures d'un Indien malchanceux qui devint milliardaire" (2005), ce film est signé par Danny Boyle et lui offre un nouveau succès, en témoigne l'Oscar du meilleur réalisateur confié entre ses mains. Reprenant le thème de l'argent qui lui est cher, le réalisateur de 28 jours plus tard accepte l'adaptation cinématographique du roman de Swarup principalement en raison de la présence de Simon Beaufoy à la conception du scénario, que Boyle admire à la suite de son travail pour The Full Monty (1997).
Cependant, il est intéressant de savoir qu'en dépit du succès populaire dont profite actuellement Slumdog Millionaire, la construction du projet a rencontré plusieurs obstacles, à tel point qu'une distribution au cinéma a pour un temps été écartée. En effet, après la fermeture de Warner Independent Pictures, filiale de Warner Bros Pictures qui avait acquis les droits de distribution nord-américains, la maison-mère a par la suite envisagé de sortir le film directement en DVD, peu emballée à la relecture du scénario. Mais l'intérêt porté par la Fox Searchlight Pictures, qui rachète 50% de la part de Warner Bros, relance et concrétise le projet.
Ensuite, la volonté de Danny Boyle de rendre hommage à Bollywood a eu du mal à convaincre en Inde car deux personnalités du pays ont été approchées mais ont refusé de participer : Shahrukh Khan et Amitabh Bachchan, tous deux animateurs vedettes du jeu en Inde qui ont décliné la proposition de Danny Boyle.
Côté casting, la distribution marque par son hétérogénéité entre la présence d'acteurs célèbres et celles d'inconnus, dont certains sont même des enfants issus de bidonvilles indiens. Toutefois, cette asymétrie ne se retrouve pas dans les jeux d'acteurs, les plus novices d'entre eux se démarquant par d'honorables débuts.
En tête d'affiche, c'est Dev Patel qui a été choisi par la fille de Danny Boyle pour incarner le héros miséreux grâce à son rôle remarqué dans la série Skins. A ses côtés, Freida Pinto apparaît dans son premier film en incarnant la bien-aimée du jeune Jamal Malik et en obtenant un succès qui lance officiellement sa carrière.
Au box-office, le résultat a largement convaincu, à une exception près : l'Inde, qui y a vu une caricature d'elle-même. Mais malgré cette critique négative, le public européen et nord-américain a répondu au rendez-vous : 140 millions de dollars au box-office américain et 32 millions de livres au Royaume-Uni. Avec ces recettes faramineuses, le budget initial de 15 millions de dollars est largement compensé. Ce succès dans les salles est d'autant plus fort que les distinctions du film sont nombreuses : huit oscars, sept BAFTA (l'équivalent britannique des Oscars) et quatre Golden Globe.
Toutefois, le succès populaire dont a pu profiter le film à sa sortie me semble quelque peu surestimé. Même si l'hommage rendu à l'Inde et Bollywood reste appréciable et honorable lorsqu'on voit le peu de reconnaissance attribué au cinéma indien dans les cérémonies de récompenses américaines, l'intrigue du film bascule trop souvent dans un romantisme exacerbé et candide, diamétralement opposé aux terribles conditions de vie de ces êtres humains laissés à eux-mêmes dans un monde violent et impitoyable.
Malgré tout, cette réalisation possède quelques atouts. D'abord, la démarche accomplie de poser un cadre fidèle à la réalité du pays, avec la misère des bidonvilles et la violence urbaine. Ensuite, la présence d'une chanson dans les dernières minutes du film, consacrée par l'Oscar de la meilleure chanson et reprise plus tard par les Pussycat Dolls, qui offre une belle scène de danse mettant en avant la culture indienne et rendant un ultime hommage à cette dernière.