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Fabrice G
117 abonnés
389 critiques
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3,5
Publiée le 5 août 2010
Christian de Rabaudy est diabétique, c'est comme ça qu'il se définit. Ancien prof de philosophie, il passe ses journées à errer dans son appartement du 10ème arrondissement, envahi de bouquins et de tableaux, et dans les rues de Paris, habillé de frusques qu'il glane au fur et à mesure de ses promenades. Christian est un célibataire amoureux, il aime les femmes artistes et s'entoure de jeunes filles qui composent sa famille adoptive, dont Natacha la jeune photographe qui devra s'improviser apprentie coiffeuse pour satisfaire le monsieur. Christian est seul, et il va mourir. Hormuz Kéy nous dresse le portrait de cet homme, de ce clown triste conscient de son sort, qu'il suit pendant près d'un an et demi: son hommage est bouleversant. Les deux hommes deviendront inséparables, cette rencontre offrira aux spectateurs un très beau documentaire, un conte philosophique d'où l'on ressort ému et profondément touché.
Le cineaste ne cesse jamais de filmer le diabetique, même dans les moments les plus insignifiants, provoquant l'exasperation du sujet. Le periple qui peut sembler dement prend tout son sens dans la relation insolite entre le réalisateur et son modele. Ce qui aurait pu etre ennuyeux et sordire devient drôle et decalé.
La démarche de ce film est facile, filmer les derniers instants d'un homme et l'on est sur de toucher le spectateur. Je croyais cette facilité réservé à la télé réalité. Ce film n'apporte rien. l'émotion facile est le seul intérét de ce navet. Je
Le film de Hormuz Kéy et Christian tantôt fascine, tantôt agace, souvent fait rire et parfois inquiète. Le réalisateur nous offre une rencontre, un partage. Rarement un réalisateur n'aura été aussi proche de son sujet : Christian, acteur et sujet du film, et Hormuz, réalisateur, vivent une relation fusionnelle, construite d'attirance et de fascination, mais aussi d'agacements et parfois de rejets. Celui qui filme et celui qui est filmé entretiennent une relation jamais vue au cinéma. Christian et le film (puisqu'ils ne font qu'un) sont "extraordinaires", un mot à prendre dans son sens le plus précis : qui se produit d'une manière imprévisible, en dehors du cours ordinaire des choses, en dehors des règles prévues. Il faut donc aller voir ce film dans une démarche "d'oubli" : oublier ce que notre oeil est habitué à voir en termes d'images, de plans, de montages et de narrations des fictions télévisées et des films faciles. Il faut se laisser porter par quelque chose de nouveau, une manière de filmer et de raconter qui appartient à un au-delà mais qui est pourtant profondément encré dans le coeur de l'homme, des deux hommes, Christian et Hormuz, et bientôt dans celui du spectateur. Le visionnage de cette oeuvre nécessitera de la patience et parfois mettra mal à l'aise : le film étonne, choque, parce qu'il n'est pas conforme à la norme cinématographique prévisible ou attendue, ce qui est bien la définition de "l'extraordinaire". "Extraordinaire" est d'ailleurs le mot qu'emploie Hormuz lui-même pour qualifier Christian. Le film est le mélange intime de deux êtres, Hormuz et Christian, une véritable fusion : déroutant au début, le film passe lentement d'un état qui nous apparaît solide et hors de nous, à un état fluide et hors du temps, sous l'effet de la chaleur de l'amitié entre le réalisteur et cette minuscule goutte suspendue à la vie.
Dans notre monde, il y a heureusement pour nous des veilleurs d'humanité et d'amitié. Hormuz filme avec sa caméra respectueuse hors des poncifs et des modes.Il filme la vie (et sa phase ultime) d'un funambule philosophe : Christian a été mon prof et mon ami. Quel beau moment d'émotion cinématographique. Allez vous en rendre compte par vous-même.