Voilà un film qui aurait pu être vachement bien. Car basé sur l'histoire des sœurs Papin qui, en 1933, auraient assassiné leurs employeurs. L'histoire du film de Chabrol, la voici : une gouvernante se fait engager par une famille de bourgeois. Mais cette dernière va être manipulée par la postière. Et un drame aura lieu. Comme on est chez Chabrol, on évite pas la petite pique envoyée à la bourgeoisie. C'était son truc ça au père Chabrol, lui qui en était pourtant issu. Même si dans le film en question, la pique est moins aiguisée qu'à l'accoutumée. Mais perso, je prends, j'apprécie toujours un tacle fait aux richards. Concentrons nous un peu sur cette gouvernante. Elle nous fait une première impression peu reluisante. On se doute qu'il y a quelque chose de pas net en elle. Quelque chose de plus grave que son
analphabétisme
ou que son esprit simplet. Ça va bien plus loin que ça. Y a quelque chose de trouble dans son regard. Et moi, ce quelque chose de trouble, j'ai envie que ça me saute aux yeux, j'ai envie de le voir d'entrée de jeu tout en ne l'exposant pas ouvertement. Le problème est là, Chabrol a tant voulu faire de mystère autour de la nature cachée de son personnage que cette gouvernante finit par ne plus du tout intéresser. Trop de mystère tue le mystère. Quant au personnage de la postière, on a un problème aussi. Elle est bien trop extravertie. Dans l'absolu, ça ne me gène pas qu'un personnage soit complètement barré, mais faut-il encore trouver un juste milieu. Une façon de jouer qui ne te prenne pas la tête. Or, cette postière prend la tête mais genre vraiment. Et sa révélation sur
la mort de sa fille
n'équilibre pas les choses, le mal est pour ainsi dire, déjà fait. Du coup, quand les deux éléments perturbateurs ne tiennent pas la route, ça devient vraiment ardu de te passionner pour le film. Alors que fait-on ? On attend. On attend que quelque chose se passe pour donner du souffle à cette histoire qui en manque quand même pas mal. Quid de la manipulation ? La manipulation, dans mon esprit ça ne peut pas être pris par dessus la jambe comme ça l'est ici. La manipulation ça ne peut pas être traité avec cette forme de légèreté. Non, pour moi, la manipulation, c'est de la violence psychologique. Ce qui entraîne quoi ?
Une tuerie finalement bien vite expédiée
. Et le sort des personnages, en fin de compte, tu t'en fous un peu. Après la tuerie, peu importe ce qu'il peut arriver à Sandrine Bonnaire ou à Isabelle Huppert. Voilà ce qu'est « La cérémonie », un film franchement pas fameux, pas nul, mais qui s'oublie assez vite. Et c'est bien dommage.