De la science fiction filmée en found footage, l’idée a de quoi séduire, le résultat au final fait pschitt ! Nous retranscrire l’histoire par le biais d’une caméra amateur tenue par une personne lambda, avec tous les défauts que cela implique, pour en conserver le charme et l’authenticité je veux bien, mais on veut tellement imiter le réalisme en multipliant les effets que le spectateur finit par se rendre compte que c’est surfait au point que ça ne puisse pas l’être. C’est le comble en fait, à vouloir en faire trop, personne n’y croit finalement. Déjà la caméra bouge trop, de manière totalement injustifiée. Ça tremble tellement de manière démesurée que d’une part ça se voit que c’est délibéré, et que d’autre part ça en devient très désagréable à regarder. On ne discerne pas grand chose, c’est extrêmement frustrant à la longue. Le pire c’est que ces mouvements exagérés sont rarement crédibles au vu de ce qui se passe, personne n’est aussi inattentif et maladroit quand il a une caméra entre les mains. Quant aux cadrages, ils sont mal choisis, trop mal cadrés en situation normale, trop bien cadrés lors de situations tendues, je me suis souvent posé la question : « attends, si je m’amuse à imaginer celui qui tient la caméra là maintenant, par rapport à la hauteur depuis laquelle est prise l’mage il devrait l’avoir en principe pile devant son visage, mais cette position est-elle crédible dans telle ou telle situation ? » La réponse est souvent non. Le found footage est certes pas mal réussi sur quelques rares plans larges, certaines scènes où la situation est peu stressante, par rapport aussi à des effets tels que le mix maladroit entre le contenu d’origine de la cassette et l’enregistrement en cours, mais pour ce qui est du reste, ça manque cruellement de subtilité et de bon sens. Pour moi dans l’ensemble c’est raté ! Les acteurs n’aident pas non plus à nous fondre dans l’ambiance, c’est surjoué, ça manque trop souvent de spontanéité, de naturel, même les figurants sont clairement hors coup, on sent tellement qu’ils font sembant ! Enfin le scénario, bon il est ce qu’il est, ce n’est pas grave, c’est loin d’être un chef d’oeuvre d’écriture, mais si au moins ça ne donnait pas lieu à quelques scènes ridicules, je rouspéterais moins.
Genre un monstre géant est apparu en ville, qui lance des débris énormes à plusieurs centaines de mètres à la ronde, que fait-on ? On décide d’évacuer des milliers de personnes à travers un pont suspendu, ben voyons ! Le monstre qui vient atterrir pile devant les jeunes en fuite à la fin, histoire d’avoir un dernier joli gros plan sur lui, et le caméraman qui le cadre parfaitement sans trembler puis 10 secondes plus tard il tombe raide mort, ça aussi j’ai bien aimé, enfin ce Rob qui s’auto-filme en train de consoler sa belle Beth, de la câliner c’est bizarre comme posture quand même...
Bon je ne vais pas tout énumérer non plus mais ce sont quelques exemples éloquents. Avec un scénario qui n’a pas le moindre intérêt, du found footage raté dans sa globalité, et un jeu d’acteur médiocre, « Cloverfield » ressemble à un film sans aucun charme d’un total amateurisme.