De manière assez évidente, comme dans tous les films-catastrophe états-uniens des dernières années que celui-ci décalque (cf. le bien meilleur Guerre des Mondes avec Tom Cruise), ce film illustre le refoulé socio-culturel états-unien qui est en train de ressurgir en explosion dévastatrice et irrépressible, telle la bête surgie de l'océan... Car les USA sont en bonne voie d'implosion (juin 2012) économique, financière, technologique, culturelle, politique, militaire, écologique et, last but not least, morale. Cette jeune nation passée à la décadence "sans l'intervalle usuel de civilisation" (Clemenceau ?) voit se planter pour de bon son logiciel culturel, suprématiste et délirant ("manifest destiny", "shining city upon the hill"). Selon le mythe états-unien, ce pays devait être le parangon de la civilisation et de la démocratie, or il n'aura été qu'un emballement furieux et mortifère de 2, 3 siècles, un empire avorté de 70 ans au mieux : génocide des "natives", exploitation des immigrants et des esclaves, "go west mentality" entraînant la surexploitation de la nature et des ressources, guerres d'agression néocoloniales monstrueuses (Indochine, près de 5M morts ; Irak/AfPak, 1 M), 15 500 milliards de dettes à jamais inremboursables, etc., etc.Le monstre de la mer, ce Cthulhu lovecraftien n'est pas - à mon sens - encore assez gigantesque dans ce film pour incarner raisonnablement la vengeance de la réalité ("reality comes back with a vengeance ; it's a bitch !", comme ils disent), c'est-à-dire l'expression à plein des vices constitutifs de ce pays et de NOTRE civilisation (puisque l'Europe a abdiqué, après deux suicides grandioses, devant le rêve matérialiste états-unien)... Nation adolescente qui se croyait mature et responsable, même les meilleurs et les plus beaux d'entre eux ("the best and brightest", ces jeunes gens et ces jeunes filles de l'oligarchie qui fêtent la promotion de l'un d'entre eux) vont être broyés par l'effondrement de leur nation sous l'effet du retour du refoulé, de la décompensation ultime, holocauste qu'ils ne peuvent qu'inscrire en images affolées, incapables qu'ils sont de le "penser", d'en penser ses causes lointaines et actuelles...En ce sens, ce film est une illustration remarquable de leur crise socio-psycho-historique qui va bientôt monter au paroxysme...