Pour son troisième long-métrage (les premiers étant Donnie Darko et Southland Tales), Richard Kelly décide d’adapter au grand écran une nouvelle de Richard Matheson (auteur de Je suis une légende et L’homme qui rétrécit, entre autre). Projet donc quelque peu ambitieux, surtout lorsque l’on jette un coup d’œil au synopsis, plutôt moraliste et travaillé. Le résultat final en est-il à ce point ?
Norma et son époux mènent une vie paisible dans une petite ville des Etats-Unis jusqu'au jour où une mystérieuse boîte est déposée devant leur domicile. Quelques jours plus tard, se présente l'énigmatique Arlington Steward qui leur révèle qu'en appuyant sur le bouton rouge de la boîte, ils recevraient 1 000 000 $, mais cela entraînerait la mort d'un inconnu...
La famille Lewis reçoit la fameuse boîte, discute pendant 24h à quel point ils ont besoin de cet argent pour se permettre de causer la mort d’un inconnu, appuie, récolte l’argent. Et puis plus rien ! De censé, du moins ! Ce que je viens de résumer, c’est, à peu près, 20 minutes de film sur 1h55. Après, The Box part dans un délire incompréhensible, oubliant aussi vite l’idée du bouton sur la boîte. Et pour cause, le film prend un virage serré dans la direction du thriller de science-fiction et du paranormal, sans que l’on comprenne ce qui se passe réellement ! Dès lors, mille questions s’offrent à nous (qui est ou bien qu’est-ce ce Mr. Steward ? que se passe-t-il exactement dans ce motel ? pourquoi ces gens sont-ils mis à l’épreuve ?...) pour, au final, n’avoir aucune réponse. Même si la solution semble flirter avec une histoire extra-terrestre, ce qui expliquerait les contrôles mentaux, les « téléporteurs aqueux » (piscine, les trois portes) et l’handicap soudain du fils Lewis. Sans compter la mutilation exagérée à la Double-Face de Mr. Steward ! Bref, The Box perd trop rapidement son intérêt, s’enfonçant irrémédiablement dans le grand n’importe quoi ! Tout en oubliant le débat principal de l’histoire : où irions-nous pour gagner de l’argent ? Peut-on vivre heureux en causant la mort de quelqu’un ? A quel point peut-on l’accepter ? Des thèmes qui s’alliaient admirablement avec le scénario mais qui s’effacent aussitôt après que Norma ait appuyé sur le fameux bouton. Par moment, ces sujets refont surface de temps à autre, mais le mal est déjà fait : c’est un autre film qui se présente à nous !
Et pendant tout le long du film, nous sommes obligés de supporter une ambiance paranormale alors qu’elle n’était vraiment pas nécessaire ! Au lieu d’en rester au thriller tout court ou bien au drame moraliste (étiquette propre sur le papier), The Box s’emporte dans des envolées quasi symphoniques et lyriques qui sentent bon la science-fiction, pour ne pas dire magie ! Sans omettre le fait que certains plans sont filmés de manière à apporter bien plus qu’un soupçon d’étrangeté à cette affaire. Une étrangeté de l’ordre du bizarre et non du suspense ! Il faut bien admettre que, dans un sens, cela donne une certaine accroche au film. L’envie de savoir ce qui se passe étant plus forte que la raison ! Mais quand la fin arrive brutalement, il est difficile de comprendre tout ce qui s’est déroulé sur nos yeux, et surtout pourquoi ! Pourquoi user d’une telle histoire et de cette mise en scène pour envoyer ces années 70 et ces personnages dans un univers si peu crédibles ?
Ce que l’on retiendra le plus, ce sont plutôt les acteurs. Bien que l’on ait vu bien mieux dans d’autres longs-métrages (où les comédiens méritaient un Oscar), il faut reconnaître que les interprètes étonnent. A commencer par Cameron Diaz, cette éternelle ado allumeuse qui sort ici le grand jeu, pour un rôle bien plus sérieux et approfondi qu’à son habitude. Et l’actrice s’en sort bien ! James Marsden, le Cyclope de la trilogie X-Men, arrive enfin à quitter son image de personnage secondaire présent que pour le décor, donnant vie à son personnage de manière attachante. Et enfin Frank Langella, offrant à Steward tout le mystère qu’impose son personnage et l’histoire (même si cette elle part totalement dans le délire).
Mais le résultat est là : The Box n’est en aucun cas le film qu’il aurait dû être. Fort ennuyeux, improbable et incompréhensible ! Et ce malgré un intérêt, une envie de découvrir des réponses à nos questions (dans un sens grâce à l’ambiance de science-fiction et de paranormal) qui ne fait qu’illusion que quelques minutes, il est très difficile de se plonger dans ce film et d’en tirer un message (à supposer qu’il existe !). Finalement, la seule morale que l’on retiendra est la suivante : ne jamais se fier à un synopsis en plus d’une bande-annonce !