Richard Kelly a fait le génial Donnie Darko. Puis le pas regardable Southland Tales (réellement, je peux même pas mettre une critique sur celui-là car il fait partie des rares films que j'ai regardé qu'au tiers). Ensuite il a commis The Box.
C'est pourtant basé sur une nouvelle de Matheson, mais ça ressemble en fait à rien. Ou peut-être à un vague plagiat soporifique d'un Shyamalan.
L'aspect thriller est raté : Kelly ne sait pas introduire les éléments en douceur pour mieux nous appâter. Il essaye, mais confonds douceur et lenteur, donc au lieu de ferrer le poisson, il endors le spectateur. L'on sors parfois de la torpeur pour baisser le volume. C'est quoi cette manie des réalisateurs de faire chuchoter les acteurs pour nous faire monter le son, puis de faire hurler un enfant pour réveiller ma voisine du dessous ? C'est un artifice de mauvais film d'horreur que de jouer sur le sursaut du décibel pour nous faire croire que le réalisateur a su nous surprendre, et passé l'adolescence c'est juste pénible à écouter.
A ce propos, je souligne le bel échec de l'empathie. L'empathie est un des éléments clefs du film, pour des raisons que je spoilerais plus bas, mais on en a aucune pour ce couple. Elle est mutilée... oui, bon, tout le monde a des handicapés plus ou moins sérieux dans son entourage, on va pas non plus pleurer des heures pour ses 4 orteils en moins. Elle est aussi maman : on le voit quand elle taquine son film en lui faisant un câlin devant ses copains, ni agaçante ni touchante. Il est prévenant... tout le dit tout le long du film, ça en gâche l'effet des séquences qui le montrent. Même son patron en le voyant occuper son temps de travail pour fabriquer une prothèse à sa petite femme trouve ça choupi, et tant pis pour la rentabilité. Bref, c'est des gens bien. Bien comme il faut, bien plats, bien lisses, y'a rien qui dépasse. Même pas un trait de caractère un peu particulier auquel s'accrocher pour les prendre en affection.
Bref, c'est lent, c'est fade, un peu chaotique dans les passages SF branchés ambiance mystique (c'est là ou ça ressemble à du faux Shyamalan), je ne me souviens même plus du visage de l'acteur principal que j'ai pourtant eu sous le nez pendant 107 minutes et Diaz aura eu le mérite d'avoir essayé un rôle à contre-emploi, mais mieux vaut qu'elle s'en tienne au divertissement grand public.
Attention, comme promis voici un spoiler de l'ensemble de la trame :
un homme est "employé" des aliens qui lui font accomplir une tâche : il soumet des couples avec 1 enfant au choix "si vous provoquez la mort dune personne vous gagnez un million de dollars". Si le couple ou un des membres du couple appuie sur le bouton fatal, alors soit l'enfant se verra handicapé à vie (aveugle et sourd), soit l'un des parents devra abattre l'autre. Car, voyez-vous, tout se paye.
Tout ceci n'est qu'un test d'empathie à échelle planétaire : si le test détermine qu'en gros les humains sont des égoïstes, ça va mal finir pour nous. Leur sens moral des aliens et leur perception de l'empathie est donc discutable, mais on s'en fous on est pas là pour traiter du sens moral de "ce qui est au-dessus" mais pour nous signifier que nous sommes une espèce veule et pècheresse.
Diaz appuie sur le bouton. Elle a beaucoup d'empathie pour l'homme défiguré. Mais bon, c'est 1 million de dollar, et avec leur maison à la campagne, la corvette du mari, son salaire de prof de philo et celui de son mari ingénieur à la NASA, ils ont pas assez pour vivre donc tant pis : elle provoque la mort de quelqu'un.
Ensuite bah scénario raconté au-dessus. Elle meurs. Le mari ira en taule. L'enfant sera guéri, et tout heureux avec son million, maman morte et papa en prison. Sont hyper empathiques ces aliens.
A la fin du film, l'histoire recommence. Ta-daaam. The end. Bonne nuit tout le monde.