The Box
Un film de Richard Kelly
Voir la comédienne Cameron Diaz en haut de l’affiche n’a –a priori- rien de bien original. La croiser en tant que premier rôle féminin d’un film d’anticipation l’est en revanche un peu plus.
Non pas que l’actrice soit incapable d’interpréter autre chose que de gentilles comédies romantiques, mais c’est tout simplement que ses choix artistiques passés ne lui ont guère donné l’opportunité d’aborder des registres plus originaux. L’affiche de The Box avait donc de grandes chances de rebuter les amateurs du genre, mais un examen plus approfondi allait rétablir l’ordre des choses. Le nom du metteur en scène, Richard Kelly, n’était en effet pas inconnu pour les cinéphiles, qui avait pu apprécier à sa juste valeur son étrange Donnie Darko il y a déjà huit années, suivi en 2006 de l’ovni Southland Tales, non moins original. Son premier film avait hérité d’un statut de film culte ; il faut reconnaître que Donnie Darko offrait un inimitable mélange des genres comme seul le cinéma indépendant peut encore en offrir.
Sa troisième réalisation n’a probablement pas hérité de la même liberté, tout d’abord parce que l’histoire n’est pas de lui. Sur The Box, Richard Kelly, s’est contenté d’adapter la nouvelle écrite par Richard Matheson, « Button, Button », parue en 1970. Cette nouvelle avait déjà été adaptée au sein d’un épisode de la célèbre Twilight Zone, la regrettée série plus connue chez nous sous le nom de Quatrième Dimension. Le spectateur pouvait ainsi logiquement espérer que cette adaptation remplirait ses objectifs, comme l’avaient fait d’autres adaptations de Richard Matheson en leur temps. Sans vouloir être exhaustif, certains titres nous viennent à l’esprit, tels L’homme qui rétrécit, Duel, La Maison des Damnés, Au-delà de nos rêves, Hypnose ou encore Je suis une légende, peut-être le plus connu car repris à trois reprises au cinéma.
Le film de Richard Kelly est à la fois un hommage au genre, et un hommage à une époque qui flirtait souvent avec la paranoïa. Une paranoïa à l’égard du péril rouge, et aussi des petits hommes verts. Le cinéma de genre l’époque savait aborder les problèmes de société en les transposant au grand écran, donnant vie à des récits souvent étouffants. L’histoire prend pour décors l’Amérique du milieu des années 70, au moment des fêtes de Noël. Dans une banlieue comme les autres, les Lewis coulent des jours heureux. Petite famille américaine typique, les Lewis se composent de l’épouse enseignante, Norma, du mari chercheur pour la N.A.S.A., Arthur, et de leur jeune garçon d’une dizaine d’années, Walter. Un beau matin, tôt, très tôt (5h44), quelqu’un sonne à la porte, pour déposer un carton devant la porte. Dans un carton, une boite. Et un mot, expliquant que M. Steward repassera en fin d’après-midi, afin de s’entretenir avec les Lewis de sa livraison.
Dès les premières images le ton est donné. L’atmosphère, pesante, est chargée de menaces. On découvre très vite le lieu de travail d’Arthur, un complexe composé d’e gigantesques entrepôts à Langley, en Virginie, qui n’est pas sans rappeler les épisodes les plus fous de La Quatrième Dimension. La petite musique entêtante qui accompagne les images renforce cette impression. Arrive la fin de cette journée ordinaire. Norma Lewis est de retour de son travail. Le mystérieux « livreur » repasse comme prévu, et poses les conditions d’un inquiétant marché. Arlington Steward dévoile très clairement les termes d’un marché, lourd de conséquences. Le ressort dramatique du film est articulé autour de diverses notions, complémentaires. D’abord la liberté, puis le libre-arbitre, et enfin la notion de responsabilité, que l’on peut fuir (ou plutôt tenter de fuir) ou accepter. Les Lewis ont vingt-quatre heures pour prendre une décision, celle d’appuyer, ou ne pas appuyer sur le bouton installé sur le dessus de la mystérieuse boite. S’ils appuyent, la somme d’un million de dollars leur sera remise sous la forme d’une mallette remplie de billets de 100 dollars, et une personne qu’ils ne connaissent pas mourra.
Une fois trois pré-requis précisés – M. Steward ne donnera aucune explication, Norma ne pourra en parler qu’à son époux, et le couple dispose de 24 heures pour prendre une décision- le film peut véritablement commencer.