Le problème de tels films politiques, c'est qu'il y a une subtile barrière souvent franchie entre l'appel à la conscience et la propagande. Les intentions sincères d'un film à vocation politique étant, depuis l'arrivée du parlant au cinéma, impossibles à déterminer. Le thème est fédérateur, réel, et bien sûr effrayant. Mais n'ayant pas tous les tenants et aboutissants de ces complexes machineries politiques, on ne peut que rester de marbre devant cet énième documentaire certes bien filmé, séduisant, mais surtout sans style car, de "Home" à "Nous resterons sur terre", le film dit écologique ne se départit pas de sa base : la forme est semblable, les moyens déployés sont les même, les conclusions identiques, les cadrages photocopiés... aucun renouveau n'est donc à noter. Et le fait que Nicolas Hulot, plutôt que de nous donner un coup de point, utilise l'esthétisme, la séduction imagée pour parvenir à ses fins, peut laisser sceptique. On retiendra plus ces engagements clairs et précis ("We Feed the world" en tête) qui montrent des séquences brutes et choquantes (donc véritables) que cet esthétisme, ôde à la Nature qui, finalement, joue de notre compassion pour la Terre afin de nous faire froid dans le dos. Le problème du Syndrome du Titanic n'est donc pas qu'il appartienne au domaine de l'écologie (ce qui, pour certains, est une anecdote) : ce qui nous est montré est vrai, effrayant, monstrueux. Mais l'embellissement de la laideur, l'utilisation pompeuse de la musique additionnelle, la quasi-poétisation de ces vies contaminées par la pauvreté et l'injustice renvoient directement à l'identité du film, et donc à ses convictions profondes. Nicolas Hulot croit sûrement, au même titre que Yann Arthus-Bertrand et tous ces grands explorateurs défenseurs d'une cause noble, à ce qu'il dit. Tous ces parcours autour de la planète, toutes ces vies et ces cultures observées, toute cette dégradation remarquée, ne doivent pas le laisser insensible. Nous non plus d'ailleurs. Mais n'en