Pour continuer ma ( petite ? ) rétrospective sur ce grand cinéaste que l'on nomme Big John, autant s'attaquer désormais à l'un de ses films les moins célèbres : "Le Village des damnés", remake d'un film des années 50, tout comme "The Thing" était une relecture d'un classique du cinéma des années 50. Et franchement, j'ai adoré cette version de 1995. Bon, j'ai pas encore vu l'original, parce qu'il s'avère introuvable, alors que je ne peux pas dire si la relecture est du niveau de celle de "The Thing", mais force est de constater que l'on se situe présentement devant un film solide, un très bon métrage de la carrière de Carpenter. Bien entendu, la mise en scène est toujours aussi bonne. On sent totu de même un petit côté série b, un petit aspect de téléfilm qui n'était alors pas présent dans les Carpenter que j'ai pu voir jusque là, si ce n'est le vraiment très bon "Invasion USA". C'est pas gênant en soit, mais c'est tout de même à noter dans mon analyse, je pense. Mais sinon, le reste de la réalisation est vraiment excellent. En fait, je pense que l'on situe à des sommets de l'épouvante de Big John, dans l'apogée de son talent. Le film est réellement terrifiant, et se révèle haletant de bout en bout : il sera vraiment difficile de détourner son attention de l'écran, et ce même si l'on n'apprécie guère tel ou tel personnage. Bon, certains effets de mise en scène ou numériques ont quelques peu vieillits, mais l'ensemble est vraiment très efficace, pour ne pas dire du meilleur cru pour un métrage d'épouvante/fantastique des années 90. Le suspens est saisissant, l'ambiance, comme à son habitude avec Big John, palpable : chaque plan est réfléchi, maîtrisé, beau, artistique; ce n'est un secret pour personne, Carpenti a du génie ! Et son génie, il l'applique notamment à la musique de ce "Village des Damnés", à mon goût l'une de ses meilleurs compositions. Elle est inoubliable ( je peux encore me souvenir de son air ) et magnifique, et la piste audio dédiée aux enfants est tout simplement hypnotisante : c'est celle là qui ne vous sort plus de la tête une fois que vous l'avez entendue. Seul petit bémol? Elle est bien trop courte, cette chanson, et c'est vraiment regrettable : elle aurait pu donner une véritable chef-d'oeuvre, parce qu'une minute trente, c'est vraiment trop peu. Mise en scène et bande sonore de Carpenter rendent un résultat final unique et angoissant, renforçant l'efficacité des scènes chocs, qui sont très présentes et vraiment diversifiées, autant que la filmographie de Big John. Pour les effets spéciaux, c'est franchement correct, et le petit côté grifouillage cher aux films de SF des années 50 est assez présent. Ils sont esthétiques et colorés, et, au final, très plaisants. Après, il ne faudra pas s'attendre à des sommets comme pour "Terminator 2" ou "Star Wars", mais ils sont bien approppriés au niveau du film. Sans être omniprésents, il sont assez présents ( douce répétition ) pour pouvoir servir au maximum le récit : ils ont ainsi une fonction complémentaire, et non supplémentaire. Niveau acteurs, c'est du très bon. Outre un Mark Hamill méconnaissable et innatendu, c'est réellement émouvant de voir jouer Christopher Reeve avec l'idée en tête que c'était le dernier métrage dans lequel il tournait sur ses deux jambes. Un acteur au physique imposant et au bon jeu, qui connaîtra le malheureux destin dont chacun se souvient. Enfin, je l'espère. L'écriture est vraiment bonne, et l'idée de base tient du génie. Ce n'est pas de lui, certes, alors je tiens à féliciter ceux qui en sont à la base à l'origine. Le récit est très bien équilibré, nous offrant ainsi autant d'action que d'épouvante, et s'avère novateur et très original. Un régal pour les yeux dans tous les sens du terme !