Quand un remake est assuré pas John Carpenter, il dépasse l'original. Sa version du « Village des damnés » en est la preuve. Même si le classique était de taille, le Maître a su trouver juste ce qu'il manquait pour en faire un chef-d'œuvre! L'histoire, déjà fort troublante au départ, est exploitée brillamment, à tel point que l'on a souvent l'impression d'être devant l'adaptation d'un Stephen King. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si l'une des plus belles adaptations de l'écrivain légendaire a été réalisée par Carpenter: « Christine ».
« Le village des damnés » présente deux parties et l'ensemble forme plus un film fantastique paranormal qu'un film d'épouvante. Dans la première partie, tous les êtres vivantes (humains et animaux) se trouvant dans un périmètre restreint tombent dans un profond sommeil. Les autorités ne savent pas quoi en penser. Quand, six heures plus tard, tout le monde se réveille, les choses redeviennent vite « normales ». Sauf que beaucoup de femmes tombent soudainement et inexplicablement enceinte. Le gouvernement y voit une façon d'expliquer le phénomène en faisant poursuivre ces grossesses et propose une indemnité aux femmes qui accepteront de garder « leur » enfant. La deuxième partie, ce sont évidemment les enfants qui commencent à semer la terreur dans le village, ayant le pouvoir de diriger les hommes contre eux-mêmes par un simple regard. Je dis « deux parties » parce que les deux sont de mêmes durées ou presque, elles ont toutes les deux de l'importance. L'ambiance que Carpenter arrive à installer avec ce paranormal déroutant est juste exceptionnelle: les femmes qui accouchent toutes au même moment, la marche des enfants (comme des robots tous regroupés), l'absence de sentiment de ses petits êtres qui sont quand même des enfants, etc... Il faut insister également sur le thème musical, c'est souvent une grande qualité chez Carpenter qui signe souvent lui-même ses BO: c'est le cas ici mais ça l'est aussi pour le thème cultissime d'« Halloween », ou celui de « Fog », etc... Inutile de rappeler le magnifique thème de « La chose » (Ennio Morricone), son plus grand chef-d'oeuvre et, évidemment, celui du précité « Christine ».
La musique accompagnant la marche des enfants « damnés » est prodigieuse, de même que celle utilisée pour créer la tension.
Christopher Reeve obtient l'un de ses meilleurs rôles peu avant son terrible accident. Je signale en passant que le fait d'être en chaise roulante ne l'a pas empêché de tourner le remake de « Fenêtre sur cour » qui sera malheureusement un échec commercial.
La relation que le personnage de Reeve développe avec les enfants est fort intéressante, spécialement avec la leader (sa propre fille), cette dernière est très efficace: prononçant des phrases fortes comme si elle ne ressentait rien et pouvant se montrer très cruelle, notamment avec son « Daddyyyy... » à la fin du long-métrage où elle lance pour la seule fois un sourire... démoniaque!
L'enfant qui a perdu sa partenaire (mort-né) est fort différent du groupe et il commence à développer des sentiments, de l'humanité... C'est aussi fort intéressant, notamment pour le dénouement final. Tout ce que je viens de décrire surpasse l'original qui, je le répète, était déjà très réussi.
Le final est brillamment filmé:
le mur que le personnage de Reeve s'imagine pour cacher la bombe qui va finalement tous les tuer, ce mur qui se détruit petit à petit parce que les enfants le « scanne », le regard des enfants se tournant en même temps vers l'horloge quand ils comprennent juste avant l'explosion...
Le tout est brillant et mérite amplement sa place dans les classiques du genre.