Là, il n'y a plus de doute, le cinéma allemand s'offre une vraie résurrection. Après l'excellent "La vie des autres" et le troublant "Pingpong", ainsi que d'autres beaux objets cinématographiques, c'est au tour d'Ann-Kristin Reyels de nous prouver la force quelque peu oubliée ces derniers temps, de ce cinéma. L'histoire est banale, mais le résultat flamboyant. Partant d'une simple histoire de séparation parentale et de ses conséquences sur le fils, qui en pince pour la sourde-muette du coin dont le père est un salaud, la réalisatrice tisse des échanges silencieux entre ses personnages, mais toujours d'une violence psychologique insoutenable. La scène du dîner (copiée sur "Festen") le prouve crûment. Mais ce qui intéresse la cinéaste, ce n'est pas tant la violence des rapports et le manque de communication dans une communauté, mais simplement l'histoire d'amour improbable qui peut naître de l'instabilité d'une situation. Dans un décor enneigé et timide, cette relation prend peu à peu forme alors que les tensions s'agrandissent dans la famille, laissant au final une impression de massacre mutuel et insensé allant jusqu'à enrober des vies innocentes. La fin, absurde et bouleversante, montre justement le côté complètement destructeur de la famille et son irresponsabilité. La mise en scène parvient, d'un bout à l'autre, à s'imprégner de la solitude glaçée des personnages et les rend d'autant plus bouleversants qu'ils sont montrés avec toute la fragilité du monde par le biais de l'hésitation ressentie derrière la caméra, et qui paradoxalement fait la force première du film. Un matériau thématique creusé profondément donc, puisque s'y mêle les séquences d'oppositions familiales à celles de la paix symbolisée par l'amour que se porte le jeune et la muette. Malgré de très belles ellipses, il arrive parfois que le film laisse place à quelques facilités scénaristiques (les petits jeunes violents qui embêtent la sourde-muette, c'est un peu exagéré!), mais que la cinéaste comble