Il y a dans cette indigne adaptation des perles de Sempé et Goscinny, la maltraitance du matériau en premier lieu, et les pitreries comiques pas drôles d'une bande de comédiens qui mélangent leurs sauces. Kad fait des grimaces, Lemercier sa fofolle éberluée, Demaison son humoriste en devenir d'être un grand de la scène française, et Jugnot son apparition affligeante. Toute la famille est là, c'est bien, y'en a que ça fait rire, ça plaît à la populace porté sur le télévisuel. Manque plus que le Petit Nicolas. Parce que bon, ce film, c'est lui tout de même. Et bien le Petit Nicolas n'a gardé sur la toile que le petit pull rouge à manche courtes (impossible de me rappeler comment on appelle ça), et le mot 'Chouette' à la bouche. On rira à gorge déployée de la fidélité que le film fait aux livres. En piochant deux ou trois séquences littéraires connues de tout le monde (la visite médicale, le terrain vague et le patron invité à dîner avec sa femme), Laurent Tirard, dont on avait apprécié les errances concupiscentes du "Mensonges & Trahisons" et la tarte à la crème brûlée de "Molière", décide que cela conviendra pour appeler le film "Le petit Nicolas" et faire croire à une adaptation, aussi dénuée de créativité soit-elle. Malheureusement il est tout sauf question du célèbre personnage tant la nostalgie n'est pas là, le modernisme des cadres hors du style naïf de l'époque et l'artifice de la mise en scène plus visible tu meurs. Il y a de beaux travellings, de beaux plans, mais cela sonne faux, contemporain, les décors ressemblent à du Ikea repeint de bleu, de vert et de rouge. Sans toutes ces sophistications, les dessins de Sempé parlaient beaucoup plus dans leur imperfection et leur drôlerie naturelle. Dans cette overdose de fond de teint, de meubles moches et de teintes criardes, le mauvais goût côtoie un humour qui, c'est dommage, oublie de faire rire. Le gag le plus drôle doit tenir sur la courte présence de Michel Galabru et sa blague sur les poussins. Il n'y a aucun