Dans la veine des grands thrillers français (Les diaboliques, Garde à vue, ...), Fred Cavayé, pour sa première mise en scène, nous ouvre les portes du cinéma français en perdition.
La réalisation, percutante, permet de porter le film en lui même. Le suspense est ainsi maintenu jusqu'à la fin grâce au déroulement fluide de l'action, ce qui permet de ne jamais tomber dans le pathos. A cela est ajouté la musique mirobolante de Klaus Badelt (compositeur sur K-19 de Bigelow, Miami vice de Michael Mann, ...), qui ne prend pas aux tripes, et dosée à merveille entre moments d'action et de suspense.
Ici, le casting est dominé par un Vincent Lindon (Welcome, Ma petite entreprise de Pierre Jolivet, ...) parfait, bien dans ses cordes. Pendant un instant, lors des gros plans sur lui, il m'a fait penser à un Pacino français (sic !). Très bien habité par son rôle, on comprend sa réaction, qu'il lâche vraiment tout "pour elle" (Diane Kruger, vue dans le Joyeux Noël de Christian Carion, joue ici bien mal et montre à l'instar des autres seconds que seul Lindon compte pour que le film existe. Seul Olivier Marchal (réalisateur de 36 quai des Orfèvres) arrive à s'imposer. C'est dire !).
Voici un thriller maîtrisé de A à Z (avec les performances de Lindon, Cavayé et Badelt) mais qui souffre diablement de la comparaison avec ses homologues américains (Le fugitif, Usual suspects). Spectateurs en cure de rédemption, à vos postes !
PS : le dernier film avec Lindon que j'ai vu au cinéma, Toutes nos envies, est vraiment pas mal, tant dans le sujet (plein de crédits sur une famille déjà endettée) que la manière dont il est exploité. Lindon, encore parfait, trouve un rôle à sa démesure et prouve, même dans le pathos, qu'il reste une valeur sûre du cinéma d'aujourd'hui et de demain.