Pour la première fois, Marvel sort de ses gonds (enfin, d’une porte parmi d’autres), délaissant les cordes usées de super héros sortis de nulle part (mais quand même sur Terre) pour sauter sur l’excuse d’un autre univers. C’est plus simple, moins risqué, mais tellement plus satisfaisant. Les Asgardiens ne sont pas les demi-dieux qu’on pourrait attendre (oui, « demi » parce que réduits d’une moitié par l’écran qui nous en sépare), mais des demi-aliens, des êtres en qui fusionnent magie et science, espoir et Histoire ; c’est le pivot avoué, et le vrai Bifrost entre eux et le spectateur.
Évidemment, cela a un coût. Et il ne risque pas d’être honoré par la romance de Thor pour une mortelle, qui vaut moins d’une couronne danoise : Brannagh a préféré transférer la dette tout entière sur le recyclement stupide de la découverte scientifique majeure dont la gentille scientifique ne démord pas, comme s’il suffisait d’être naïf pour faire une percée. Ça se sent que ça m’énerve ? Bref.
Le design est sympa ; on est introduit à un monde beau et cosy, avec d’un côté Asgard aux airs de Mont Olympe et de l’autre Mitgard spielbergien (mais si, les diners qui font office de QG et les grands tubes en plastique des installations scientifiques, c’est très Rencontres du Troisième E.T. L’Extraterrestre, tout ça). Mais alors, que c’est petit ! Franchement, je ne m’attendais pas à ce qu’Asgard soit un F4 divin avec une poignée de dieux faisant leur promenade quotidienne sur le pont Arc-en-Ciel. C’est tout ? Vraiment ?
C’est bien vu d’avoir converti les Royaumes nordiques en planètes, mais tout manque cruellement de mouvement. Il y a Asgard, avec le Bifrost qui le relie à un point donné de partout ailleurs, mais c’est cela : juste un point. D’Asgard à Mitgard. D’Asgard à Jötunheim. De la ville à l’endroit où les dieux pénètrent Midgard. Aucun autre mouvement.
Avec tout ça, il faut compter sur des conditions de combat minimum ; certes, Thor est une tête brûlée qui n’a envie que de castagne, mais était-ce une raison pour ne rien mettre d’autre sous la dent du spectateur ? D’ailleurs, on sait que Thor changera du tout au tout pour devenir vertueux (l’originalité n’est pas de mise dans la macro-écriture marveleuse) et rien n’a été fait pour lisser ce virage à 180° d’un extrême vers l’autre.
Le feeling de Thor est plutôt bon parce qu’il ne tente plus de faire tenir des choses ensemble sur le sol terrestre. Et l’on peut compter sur les one-liners du genre à renommer Coulson « fils de Coul ». Mais il faudrait songer à plus soigner la qualité de l’œuvre, même si l’on s’attache de plus en plus à l’univers.
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