"Comment avoir peur de ce que l'on ne voit pas ?"
Vingt ans après le divertissant "Hollow Man, l'homme sans ombre", le mythe de l'homme invisible est ramené sous le feu des projecteurs grâce (ou à cause) de l'impulsion du célèbre producteur Jason Blum, connu pour sa surprenante attirance à côtoyer le bon (Get Out, Blackkklansman,...) comme le moins bon (Ouija, American Nightmare 2 à 4, Ma et j'en passe), et du réalisateur Leigh Whannell, à qui l'on doit notamment le surprenant et encourageant "Upgrade". Là où l'on suivait les pas de "l'homme sans ombre" et de Kevin Bacon dans le film de Verhoeven, l'on suit cette fois-ci les pas de la proie, Cécilia.
Leur projet, aussi ambitieux était-il, était de réussir à faire frissonner le spectateur sans que celui-ci ne puisse voir l'homme terrifiant et traquant la protagoniste. L'on part donc sur un postulat à l'opposé de classique de l'horreur parmi lesquels je pourrais vous citer Scream, Les Griffes de la nuit ou encore Halloween dans lesquels la terreur naît de la peur visuelle de l'antagoniste.
Alors, pari réussi ? À vrais dires, non et ce malgré les critiques dithyrambiques.
En réalité, nous nous retrouvons davantage face à une fresque à l’effigie des derniers divers mouvements féministes que face à un film d'épouvante ou un thriller réussi. Véritable allégorie de ces dits mouvements, Leigh Whannell se retrouve pris entre deux feux : défendre ces mouvements, aussi louables et importants soient-ils, et raconter une histoire, intéresser le spectateur. Je tiens à souligner que, par mes lignes, je ne remets en aucun cas en cause les mouvements précités.
Le partie-pris par le réalisateur est clair et ne laisse rien transparaitre : Whannell, à travers le mythe l'homme invisible, livre un long-métrage bourré d'allusions au rôle second de la femme parfois battue, manipulée, contrôlée ou véritable proie de l'homme dans cette société "patriarcale". Cela s’interprète-t-il comme une réponse au propos hasardeux et critiqués de Jason Blum qui avait affirmé en 2017 qu'il "n'y a pas beaucoup de réalisatrices de manière générale, et encore moins qui accepteraient de faire un film d'horreur". Sans doute.
Mais revenons à "Invisible Man".
Loin de moi l'idée de critiquer chaque film dénonçant une part sombre de notre société ou dressant un message aux spectateurs derrière son histoire. Tautologiquement, il faut ainsi avoir une histoire à raconter (dans le genre, comment oublier l'excellent "Thelma et Louise" de Ridley Scott).
Là où le bas blesse c'est que, derrière cette allégorie de la souffrance féminine, l'on s'ennuie devant cet insipide scénario du méchant mari qui en viendra jusqu'à mourir, pour de faux, puis se rendre invisible pour faire souffrir sa femme davantage.
Les trois premiers quart d'heure souffrent, autant que le spectateur souffre d'ennui, d'une profonde paraisse d'écriture à tel point que je me suis endormi. J'ai dû m'y reprendre à deux fois avant de finir le film.
Plus encore que la paresse, je peux également souligner diverses maladresse : la plus frappante étant la fausse mort du mari. Qu'à fait la police, existe-t-il des coroners dans ce film, qui a examiné le corps ?
Enfin, le twist final (
le frère dans le coup et meurtrier, le mari innocenté puis tué
) s'avère être malheureusement raté et laisse bien trop de question en suspend : quel était l'intérêt du frère (l'argent je suppose en faisant passer Cécilia pour folle) et surtout l'intérêt du mari lui-même (qui se fait passer pour mort puis réapparait comme par enchantement sans que la police ne se pose de question) à part satisfaire son côté sadique.
En somme, malgré quelques scènes plutôt réussies, il ne passe pas grand chose, c'est long, trop long (plus de 2 heures), et, à l'inverse de la protagoniste qui ressent la peur, le spectateur n'arrivera pas à avoir peur de ce qu'il ne voit pas.