Après l'échec (relatif) de « La Momie », Universal a revu intégralement sa politique quant à revisiter les « Universal Monsters », faisant ainsi passer cet « Invisible Man » d'un blockbuster estimé à 150 millions de dollars à une production Blumhouse de... 7. Cela écrit, pas sûr qu'on ait forcément perdu au change, surtout avec l'efficace Leigh Whannell aux commandes. J'ai clairement quelques réserves, notamment l'usage parfois intempestif d'une bande-originale très, très présente, mais faisant néanmoins partie intégrante de l'œuvre et du suspense, si bien que cela passe sans trop de mal. Cette idée, également, de vouloir travestir le classique d'H.G. Wells en imaginant cette combinaison latex (à l'étrange design, en passant) permettant l'invisibilité, loin des dangereuses expériences originelles, enlevant une part du mystère, du charme que pouvait avoir l'adaptation de James Whale. Maintenant, dans sa logique de série B au budget (très) bien exploité, la sauce prend plutôt pas mal. Si la dernière partie perd (logiquement) de son pouvoir de suggestion, que ce soit l'excellente scène d'introduction ou l'habile suspense instauré par le réalisateur sur ce qui est probablement la plus grande peur humaine (ignorer si quelqu'un (qui plus est très malveillant) est présent ou pas à côté de nous), jouant intelligemment de cette présence/absence (amenant à un ou deux passages saisissants), également grâce à l'intense prestation d'Elisabeth Moss. Dommage que cette fin, dans une logique très #MeToo (en gros, face aux hommes violents, faites-vous justice vous-même) vienne légèrement ternir le tableau d'ensemble, même si cela reste suffisamment bien fait pour que cela ne soit pas trop choquant, le coup de théâtre le précédant s'avérant, par contre, bien trouvé. Bref, sans retrouver le charme (ni le talent) qui caractérisait les œuvres originelles, cet « Invisible Man » sauce 2020 renoue astucieusement avec un certain cinéma fantastique classique tout en conservant la plupart des caractéristiques modernes, avec ses avantages et inconvénients. Et le genre de productions que j'aimerais, en tant qu'amateur du genre, voir plus souvent sur nos écrans.