Avis sur Dressage

Pierre B. Reinhard est avant tout connu pour deux choses : être réalisateur de films pornographiques, et être un des pires réalisateurs connus ! Regarder un de ses films c’est une extrême preuve de courage, ou de folie, c’est selon ! Dressage, malgré son titre et son sujet très moyen, est sûrement un des films les plus regardables du réalisateur, même si c’est vraiment très bête !
Curieusement si le film est à peu près acceptable, c’est avant tout pour ses qualités formelles ! Eh oui ! Le film est plutôt classieux, avec des décors soignés, à la fois pour les intérieurs et les extérieurs. Visiblement le film a profité d’un tournage dans un château, ce qui donne un certain chic. La photographie est loin d’être vilaine elle aussi, et Reinhard arrive à offrir quelques scènes plutôt séduisantes, avec des idées un peu burlesque certes, mais originales (les 3 grâces). Le film n’est pas moche, et l’érotisme est plutôt soigné, avec des scènes bien emballées.
Cela étant le film souffre d’un scénario franchement foutraque ! L’histoire rappelle beaucoup Célestine bonne à tout faire mais avec un côté plus sérieux, plus scabreux, mais autant Franco conduisait son histoire avec brio, autant là c’est déjà bien moins le cas. La narration est laborieuse, le film est beaucoup trop premier degré alors qu’il y a des passages franchement risibles, et puis l’histoire c’est quand même bien basique. Le dévergondage d’une famille bourgeoise c’est rebattu comme sujet, et Reinhard nous assène quand même une avalanche de lieux communs (le fantasme sur la prof, l’escarpolette…).
Côté casting pratiquement que de l’anonyme ou de l’acteur de série Z très Z. Véronique Catanzaro prend son rôle plutôt au sérieux, trop, sans aucun doute, se croyant un peu trop dans Les Liaisons dangereuses. Reste qu’elle est sûrement la meilleure actrice, au milieu d’un casting qui, il faut être franc, pour un Reinhard s’avère plus probant que je ne pouvais le penser. Reste que Sylvie Novak et ses acolytes sont des midinettes vraiment fades et exagérées.
En fait Dressage est probablement ce que l’on pourra trouver de mieux dans la filmo de Reinhard ! Evidemment c’est un métrage dans un style qui ne plaira pas à tous, mais dans son style ce n’est pas une bouse infâme, c’est plutôt élégant, et pas si mal campé. Vraiment regrettable cependant que le film se prenne trop au sérieux, et propose une histoire aussi basique. 2.5

Pierre B. Reinhart, réalisateur de l'inénarrable Revanche des mortes-vivantes, nous offre ici une gaudriole bien de chez nous, comme on savait si bien les faire dans les années 80 : des demoiselles pas frileuses, des notables lubriques, de la comédie pouêt-pouêt, bref, le genre de film qui trouve gentiment sa place le dimanche soir sur la Six, en deuxième partie de soirée. Il faut bien avouer que, en dépit de la présence de quelques têtes sympathiques (Patrick Guillemin ou Pierre Doris par exemple), on s'ennuie assez, même si quelques idées bien ridicules peuvent prêter à rire (des jeunes filles tricotent un mouchoir en poils pubiens !). Présenté à la cinémathèque en version intégrale - mazette ! - la séance valait surtout pour les commentaires passionnés du producteur et co-auteur Jean-Claude Roy, éminent artisan du cinéma de genre français, aussi courageux et sincère dans sa volonté d'oeuvrer pour un cinéma sortant des sentiers battus qu'à côté de la plaque quant à son appréciation de la qualité artistique de ses travaux ou du potentiel commercial de ce type de production aujourd'hui.