Les acteurs de Musée Haut Musée Bas tombent quasiment tous dans le surjeu. Faute d’une présence à l’écran assez longue pour leur permettre de composer un personnage sur la durée d’un film entier, on les sent (même les rôles les plus longs, comme Michel Blanc) soumis, s’ils veulent exister, à la pression suivante: s’imposer en quelques phrases, en quelques gestes, en deux trois expressions, comme des caricaturistes. Alors ils en font des tonnes mais tout ce qu’ils envoient tombe à plat.
La sensation de ratage m’a saisi dès le début du film : il y a un décalage immédiat et presque permanent (sauf quelques passages très drôles il faut le reconnaître, comme l’apparition du petit Africain dans une caisse d’objets d’art en provenance du Zaïre), entre une volonté poussive, mais tenace, de drôlerie déjantée, et un « passage de rampe » qui devait certes s’opérer quand le spectacle était donné sur scène, mais s’avère inexistant à l’écran. Le ton sonne faux, parce qu’il sonne trop fort.
Le sommet du ridicule est atteint par le couple infernal Sulki et Sulku, clowns grotesques et pédants qui s’agitent bêtement sous les regards d’une salle aussi glacée qu’obscure.
Même André Dussolier, qui ne brille pourtant pas par son cabotinage ordinairement, est en sur-régime, s’efforçant de marquer son personnage (ministre de la culture à veste rose et col mao), à l’aide d’une évocation aussi subtile que possible (poing tournant devant son visage, légère torsion du buste) d’un Jack Lang exprimant une conviction profonde.
Enfin, sans vouloir aucunement en faire un scandale,j’ai trouvé que l’exposition dans le musée, de photos en gros plan de sexes masculins, parfois en forme olympique,bien insignifiantes pour un adulte, pouvaient, de par leur caractère extrêmement explicite, se révéler un peu too much aux yeux d’un éventuel public juvénile. Peut-être (allez, disons sans doute) que si le film n’avait pas été aussi médiocre, une telle réflexion ne me serait pas venue à l’esprit.