The Blade de Tsui Hark, ou comment prendre à la fois une magistrale claque et un cours de cinéma parfait. Hark, avec ce remake de The One Armed Swordsman, met en scène un film barbare, sans concession, où rien n'est fait pour plaire. En effet, le cinéaste l'explique lui même, il joue avec cet aspect de cinéma-réalité sur une intrigue qui n'est pas du tout réelle (car plutôt intemporelle). Dans les combats et la façon de filmer le long-métrage, la vérité règne : l'acteur sort du cadre, c'est normal. Les guerriers qui se battent ne volent pas grâce à des câbles. Ils ne survivent pas à de grosses blessures. Tsui Hark, avec ce concept assez osé, prend un grand risque vis-à-vis de sa notoriété, du succès du film et donc de sa promotion, antérieure et postérieure à sa sortie. C'est pour ça, en partie, que The Blade mérite une place à part dans le coeur cinéphile ; il la mérite également pour sa maîtrise, son travail de recherche dans les chorégraphie, dans l'esthétique, dans le jeu des acteurs et les difficultés que cela impose. En effet, en s'orientant sur l'influence du Moyen-Orient plutôt que de l'Occident, The Blade se construit un univers à part entière. Un univers où il sera fascinant de suivres Ding On et Fei Lung, protagoniste et antagoniste respectivement interprétés par Chiu Man-cheuk et Hung Yan-Yan, deux personnages remarquablement interprétés qui vont s'opposer dans la scène de climax du film, où il est impossible de cligner des yeux. On reste subjugués par tant de beauté, une maîtrise esthétique différente des autres wu xia pian (The Blade étant révolutionnaire) mais une vision plaisante des arts martiaux et de la chevalerie. Hark, boulimique du cinéma, n'a pas fini de faire parler de lui.