C'est l'enfer que Tsui Hark met en scène avec The Blade.
Le chaos, le sang, la violence mais tout simplement l'enfer.
Il nous y plonge, nous maltraite, nous donne la sensation d'être au premier plan et d'assister, et même de vivre, ce brûlant enfer.
Les personnages souffrent, on souffre, il y a la mort, les cries, l'angoisse, la peur et surtout la vengeance, thème central du cinéma d'action de Hong-Kong, replacée ici au centre du film.
Les corps sont mutilés, il peut y manquer des bras ou des yeux, et Tsui Hark nous expose ça avec le génie qu'on lui connaît, celui qui là mené en 1995 à avoir déjà signé quelques grands films, et ce dans divers genres.
Ici, on oublie vite l'original Un seul bras les tua tous réalisé par Chang Cheh en 1967, on ne voit que l'enfer et le cinéma façon Tsui Hark. Il est au sommet de sa créativité, maîtrise son langage cinématographique à la perfection tout en l'innovant, encore et toujours. Il mêle habilement et brillamment un esthétisme puissant, iconique et reflet d'un chaos ambiant, avec une parfaite lecture du scénario, présentant bien les personnages et sublimant leurs évolutions, et il en est de même pour l'histoire.
C'est un choc, je ne saurais dire si c'est une révolution pour le cinéma, mais c'est au moins un choc pour le spectateur, et il est bien difficile d'en sortir indemne. On est plongé dans le film et dans cet enfer, on ne le regarde pas, on le vit alors qu'il semble aussi maîtriser parfaitement les arts martiaux. Quoi de mieux qu'une relecture d'une oeuvre fondatrice pour mieux en casser les codes et en écrire de nouveaux tout en allant toujours plus loin dans l'expérimentation.
Spectaculaire, nerveux, puissant ou encore bordélique, il démontre un vrai talent pour associer plusieurs sensations, genres et styles. Les décors sont toujours soignés, avec une parfaite reconstitution et une histoire aussi passionnante qu'intense dans laquelle il tombe dans la noirceur et la brutalité. Très vite, on suit avec tension Ding On et Fei Lung, protagoniste et antagoniste interprétés par Chiu Man-cheuk et Hung Yan-Yan, dont l'opposition finale est un climax inoubliable et d'une très rare puissance.
Tsui Hark innove encore et toujours en nous plongeant dans l'enfer avec The Blade, un chaos dont on ne peut ressortir indemne et dans lequel on y suit avec violence, intensité et brutalité une opposition remarquable et mémorable.
merci (encore) à Jurassic)